Cela fait un moment que je rêve d’acheter une maison. Au gré de mes promenades quotidiennes, il m’arrive de visiter des Open Houses, de rentrer même si l’extérieur ne me dit rien, car je suis souvent surprise de ce que l’on y trouve. Je prétends pouvoir les acheter toutes, juste pour me retrouver un instant dans la peau de ceux qui font ça sans se poser de question.
Aujourd’hui, il fait beau. J’en profite pour me balader sans but précis au bord du jardin botanique. Les maisons alentour ne sont pas spécialement jolies mais leurs emplacements les rendent hors de prix. Une fois n’est pas coutume, je me laisse tenter par un signe « Open House » sur le gazon. Si je possédais celle-ci, je ne la vendrais jamais. Elle se trouve dans un cul-de-sac, semble avoir un grand terrain à l’arrière et n’est pas trop collée aux voisins. Je frappe à la porte. J’entends un « Une minute ! » de loin et des pas clopinants arrivent dans ma direction. Une femme à peine plus âgée que moi, une cheville dans une attelle, m’ouvre. — Entrez donc ! dit-elle après une banale courtoisie. Le hall est charmant. Je pourrais tomber amoureuse de cette maison juste pour l’entrée. Elle me rappelle de nombreux films américains. Un escalier sur la droite menant aux chambres, une petite table sur le côté pour déposer ses affaires, une porte sous l’escalier pour descendre au sous-sol, la cuisine au bout et un magnifique bleu sarcelle enrobe le tout. Après un bref compte rendu de ce que les murs contiennent, elle demande : — Préférez-vous visiter seule ou que je vienne avec vous ? — Seule, si ça ne vous dérange pas ? En plus dans votre condition... Je n’aime pas faire perdre du temps aux gens. Elle n’insiste pas et repart en boitant vers le salon, me laissant me balader chez elle librement. Je monte à l’étage, visite les deux chambres au bout du couloir, tout à fait ordinaires, bien rangées. Aucune trace d’enfant, sans doute pour cela qu’elle vend d’ailleurs. Quel intérêt de vivre dans une maison avec quatre chambres lorsque l’on vit seule ? J’ouvre une autre porte et y découvre un bureau, derrière lequel est assis un homme qui pianote sur son clavier. Il lève la tête en me voyant. — Excusez-moi ! dis-je confuse. — Non, entrez, je vous en prie ! J'allais m’arrêter de travailler, il est l’heure. — Vous êtes sûr ? — Positif ! Il se lève pour me serrer la main. Une poigne ferme. Un regard franc. Un charme fou. — Magdalène vous laisse sans aide, hein ? dit-il dans un sourire. — Elle s’est proposée de m’accompagner mais avec sa cheville…Et puis je préfère visiter seule de toute façon... Je suis désolée, je vous dérange. Il met les mains devant lui. — Non, vraiment, vous ne me dérangez pas du tout ! Cela fait déjà trois heures que je suis sur ce manuscrit il faut que je fasse une pause. — Vous êtes écrivain ? — Oui. — Vraiment ? Des livres que j’aurais pu lire ? — Peut-être ? — Vous écrivez dans quel genre ? Il prend une petite pause. — Des livres pour adultes. Ce n’est pas tant ce qu’il dit mais son air plus ou moins décontracté qui me donne un petit coup de fouet. Ne souhaitant pas que le malaise s’installe je décide de faire comme s’il s’agissait d’un genre quelconque. — Intéressant. Vous me recommanderiez lequel ? Il m’observe, l’œil rieur. C’est là que je réalise ce que je viens de dire, que je suis sans doute allée un peu loin. — Une future lectrice alors ! Il s’approche doucement. Et je sais bien que la décence voudrait que je recule, que je sorte de cette maison tout de suite mais l’électricité palpable dans la pièce me pousse à rester. Sa femme est en bas, en train de regarder la télé, et je me demande si le fait qu’elle n’ait pas mentionné son mari à l’étage était un oubli de sa part ou si elle m’envoyait volontairement dans la gueule du loup. — Je ne lis pas ce genre-là, dis-je. Je n’ai jamais vraiment essayé pour tout dire. — Voudriez-vous que je vous lise le passage que j’étais en train d’écrire ? En avant-première ? Il me fait un clin d’œil et je ne peux résister à cet honneur qu’il me fait. J’imagine que certains feraient des pieds et des mains pour être à ma place en ce moment même. — Venez, prenez cette chaise, asseyez-vous près de moi. J’entends ce qu’il dit, je sens bien que c'est limite, et pourtant, j’y vais. — Vous n’écrivez pas ? demande-t-il le temps que je prenne place. — Non ! Oh non ! Mais je lis, beaucoup. J’aime lire. — Voudriez-vous plutôt lire le passage en question alors ? — Comme vous le souhaitez… Il tourne son écran vers moi et zoome sur le paragraphe. Plus il plongeait les yeux dans les siens et plus l’envie de lui sauter dessus montait. Cette première phrase me fait déglutir. Dans le coin de mon œil, je le vois observer mes réactions et j’espère qu’il n’a rien entendu. Il laissa la porte de la salle de bain entre-ouverte. Elle n’entrerait probablement pas, mais ça planterait au moins l’idée dans sa tête. Une fois sous la douche, il fredonna une chanson, comme pour l’attirer à lui. Elle était peut-être toujours sur le canapé, à regarder la télé, ou juste derrière la porte, à l’écouter. Mes yeux passent sur chaque mot tellement vite, comme pour ne pas les lire vraiment, pour ne pas faire durer cette gêne qui s’installe. Il préféra l’imaginer tout près, la main dans sa culotte… Fuck. …à toucher du bout des doigt une excitation bien présente. Rien que cette idée l’excita assez pour empoigner sa queue et commencer à se faire du bien. Le paragraphe se termine là. Mon regard trouve le sien et je baisse les yeux tout de suite, probablement rouge de honte. — Alors ? Ça fonctionne ? dit-il le plus professionnellement du monde. Quoi dire ? La vérité ? Ne serait-ce pas lui avouer qu’il vient de me donner chaud ? — C’est… Ce que j’imaginais, dis-je. — C’est-à-dire ? Il s’amuse de la situation. Il a sûrement l’habitude de parler ouvertement de ces choses-là, mais pas moi. — Du récit pour adultes. — Vous aimez ? Un rire nerveux m’échappe. — Joker ? dit-il. — Oui, voilà. — Mais pourriez-vous me dire au moins, si lire ces quelques lignes a réveillé un désir chez vous ? Il se penche de mon côté, ramenant son visage près du mien. Un instant de flottement s’installe alors que nous nous regardons droit dans les yeux. Est-il réellement en train de flirter avec moi ou est-ce une question légitime de la part d’un écrivain du genre ? Quoi qu’il en soit, je réponds. — Ça fonctionne bien, mais je ne suis pas sûre d’être votre cible alors… Sa main est sur ma cuisse. Je jette un œil plus bas pour vérifier si la sensation est bien réelle. Elle l’est. Lorsque je remonte les yeux jusqu’aux siens, il murmure : — Un mot de vous et je retire cette main curieuse. Il est maintenant si près que je vois les différents éclats de couleurs dans ses pupilles. — Que comptez-vous faire exactement ? dis-je. N’est-ce pas votre femme, en bas ? — Elle a l’habitude. — Vous dites ça car elle ne peut pas monter jusqu’ici. Il sourit et me fait signe de regarder derrière moi d’un mouvement du menton. Je tourne la tête et aperçoit sa femme sur le pas de la porte. Son attelle a disparu. Je me redresse aussitôt sur le dossier de la chaise. — Je… Je vais y aller ! Il presse contre ma cuisse. — Restez, dit-il très calme. Je jette un œil sur sa femme, puis sur lui. — Comme je le disais, elle a l’habitude. Il se penche et m’embrasse. Sa langue vient fouiller ma bouche de façon salace. Je garde un œil sur sa femme, elle ne bouge pas. Le fait qu’elle laisse son mari faire ce qu’il veut de moi, et nos bruits de bouche m’excitent si vite… Je me laisse aller à ce plaisir. Il retire mon gilet alors que nos lèvres sont toujours mêlées. Il passe sa main sous mon top, jusqu’à mon soutien-gorge. Il me palpe par-dessus le tissu. Je lance un regard sur sa femme. Elle n’a pas bougé mais son air réjouit me fait dire qu’elle apprécie ce qu’elle voit. Je passe alors une main sur l’entrejambe gorgée de désir de son mari, qui gémit de contentement entre mes lèvres. Je défais sa fermeture éclair et va chercher sa queue, la fait sortir, droite, prête à tout. Il donne des coups de reins lascifs dans l’air, que je saisis avec la main. Soudain, il m’attrape, me soulève et me couche sur le dos, sur son bureau. Il retire mes chaussures. Je ne quitte pas sa femme des yeux. Elle a une main dans sa blouse, se caresse la poitrine. Puis il déboutonne mon jean et le fait glisser le long de mes jambes. Je me retrouve en culotte dans la maison de parfaits inconnus. Il fait descendre mes dessous également et mes fesses se retrouvent contre son bureau froid. Leur excitation visible en rajoute une couche. La femme se rapproche et vient se mettre derrière son mari, le branlant d’une main. C’est elle qui la rapproche de mon sexe, et qui lui fait signe de rentrer en moi. Seules nos respirations affamées se répondent. Sa verge pointe à l’entrée de mon corps et il pousse en moi, dans un long gémissement, alors que la main de sa femme est maintenant sur ses testicules et que je peux sentir ses doigts lorsqu’il rentre à nouveau. Voir ce couple au-dessus de moi profiter de mon corps m’excite au plus haut point. J’attrape le téléphone portable à côté de ma tête et l’ouvre, trouve l’option caméra et me mets à filmer ses va-et-vient, mon point de vue. L’idée qu’ils se repassent la vidéo plus tard devant un plateau télé pépère me ferait presque venir. Je l’arrête dans ses élans, je sens qu’il va venir trop vite. Je me retourne alors et me penche sur son bureau, offrant mes fesses nues. Il me pénètre à nouveau, préparant de son pouce mes envies furieuses. — Prends-la, cette chienne ! dit-elle. Regarde, elle n’attend que ça ! Prends son cul ! Encore deux coups de rein et je serais venue, s’il ne s’était pas subitement arrêté pour changer de trou. Il entre doucement, une fois, jusqu’à la garde et m’arrache un cri. Puis il se retire et entre à nouveau, avant de me pilonner comme si je comptais partir tout de suite. L’angle de sa queue appuie au bon endroit, je sens mes muscles se refermer sur lui, je sens une chaleur au creux de mon ventre m’envahir. — Ecoute-la gémir ! Elle aime ta queue, cette salope ! Ses petites réflexions ne font que m’exciter encore plus. — Je crois qu’elle jouit ! Viens dans son cul ! l’encourage-t-elle. Les râles de son mari m’emmènent déjà loin. Mon corps n’est plus le mien, il convulse sous le plaisir, sous ses mouvements déterminés. Il ponctue son orgasme dans mon corps avec de sérieux coups de reins, tremblant de tout son être en se rattrapant à mes hanches. J’en bave de plaisir sur son bureau. Après un baiser tendre de l’écrivain sur mon dos, ils me laissent tout deux le soin de me débarbouiller au bout du couloir. En sortant de la salle de bain, je les entends baiser comme des forcenés dans le bureau. Je redescends alors sur la pointe des pieds, les laissant à leur affaire. Dans ce hall si charmant, je retrouve l’attelle contre le mur et le panneau « Open House » retiré du gazon de l’entrée. Deux preuves visuelles qu'il ne s'agissait là que d'un échange de bons procédés. Un très plaisant échange. © Tous droits réservés - Charlie M.P. - 11/10/2021 |