Je venais d’avoir 20 ans et j’étais en école supérieure. Là où je me trouvais, chaque classe était limitée à 10 étudiants et les deux promotions au complet n’en comptaient que 100. Nous étions loin des embouteillages, dans une petite ville où la plupart d’entre nous louaient des chambres. Exit les restrictions parentales dans un immeuble où la moyenne d’âge des résidents ne dépassait pas les 25 ans. Nous sortions peu de ce paysage, nous aimions cette autarcie superficielle. 95% des clients des petits commerces du coin, c’était nous. 100% des petits boulots du soir et des vacances scolaires, c’était nous. Seuls ceux qui sont passés par là sont en mesure de comprendre le sentiment de nostalgie que deux ans dans un environnement pareil peuvent susciter.
À l’époque, j’avais ce désir un peu primaire de plaire aux filles, aux garçons, aux profs, à tout le monde. C’était viscéral, il fallait que l’on recherche ma compagnie, que l’on se réjouisse de mon arrivée en soirée, que je sois la meilleure dans toutes les disciplines. Alors quand mon prof préféré, que nous appelions par son prénom, Dimitri, posa ma copie sur mon bureau accompagné d’une moue déçue, je sentis les larmes monter et je me réfugiai aux toilettes dès que la cloche sonna. — Arrête, c’est pas la fin du monde ! dit Suzie, derrière la porte. — J’avais révisé comme une malade ! T’as vu la tête de Dimitri ? — Non. Quelle tête il faisait ? Je sortis de la cabine, les yeux rouges et elle me prit dans ses bras. — Oh, Choupette ! se moqua-t-elle. Mais qu’est-ce qui t’arrive ? Lorsque Dimitri donnait son opinion en classe ou qu’il expliquait quelque chose, tous se taisait. Sa culture sur des sujets divers et variés me fascinait. Son esprit était ouvert sur le monde, sa passion pour l’enseignement évidente. Alors j’éprouvais un certain respect pour ce qu’il était. Avec Clem, nous parlions souvent de lui, entre nous. Elle connaissait mon faible pour ce prof d’une trentaine d’années. Elle savait que je pensais à lui le soir, dans mes draps de coton, je le lui avais dit. — Il va partir en vacances demain en ayant une image de moi vraiment nulle. Elle éclata de rire et se mit à ma hauteur pour me dire : — Allez, allez… Ça arrive à tout le monde de se planter. Et comme je reniflais toujours, elle dit : — Je vais l’inviter à la soirée demain soir. — T’es cinglée. — Si, il le faut. Clem sortit des toilettes en trombe et je n’eus pas le temps de la rattraper avant qu’elle n’entre dans la salle de Dimitri. Je les regardai de loin, par la porte entre-ouverte. Il fit non de la tête, les mains exprimant un refus poli. En revenant vers moi, Elle mit ses pouces en l’air et me tira la langue. — C’est dans la boite. — Je n’ai pas eu l’impression qu’il disait oui. — Il n’a pas dit oui mais j’ai piqué sa curiosité quand j’ai dit qu’on se retrouvait dans le champ au bout du chemin de Coluson. Et puis j’ai menti, j’ai dit que Godet serait là aussi. Nous nous apprêtions à aller dans la cour quand il sortit de la classe. — Charline, dit-il en me voyant. Tu as deux minutes ? Clem me fit un clin d’œil discret avant de s’éclipser. Et comme il rentrait à nouveau dans la salle je le suivis. Il s’assit à son bureau et m’invita de faire de même devant lui. — Ça va ? dit-il. — Oui, enfin… Ça irait mieux si je n’avais pas foiré l’exercice. Il se cala contre le dossier de la chaise et me regarda droit dans les yeux. — Les notes, ce n’est pas vraiment important au fond. L’essentiel c’est que tu aies compris pourquoi ça n’a pas fonctionné. — Oui, bah… J’ai compris. Vous vouliez me voir pour quoi ? Il se leva et vint s’assoir sur le coin de son bureau, ce qui donna un ton un peu plus décontracté à la conversation mais me força à lever les yeux pour le regarder. — Je ne sais pas ce que c’est, dit-il, mais je sens que tu décroches ces derniers temps. Tout se passe bien en dehors des cours ? C’était la seule note un peu en dessous que j’avais eu jusqu’à présent. Je ne comprenais pas à quoi il faisait référence. — Oui, tout se passe bien. Qu’est-ce qui vous fait croire que ça ne va pas ? — Je te sens…(il chercha ses mots en haussant les épaules)… Je ne sais pas… Ailleurs ? Je savais d’ores et déjà que je repenserais à cet échange dans mes fantasmes le soir-même. Il fermerait la porte et il me prendrait sauvagement sur ce bureau moche. Là, alors qu’il me fixait incrédule, dans sa petite chemise cintrée, rentrée dans son pantalon, je ne pus que déglutir. — Alors ? dit-il. — Alors je ne sais pas quoi vous dire, rien n’a changé dans ma vie. Il posa sa main sur mon épaule. — Tu me le dirais si ça n’allait pas ? Le poids de sa main sur mon corps. Ses yeux plantés dans les miens. Son parfum enivrant. — Oui, je vous le dirais. — Bien. Je sentis dans sa voix qu’il était de toute façon hors de question qu’il en soit autrement. Il se releva. — C’est tout ? dis-je. Il mit les mains dans ses poches. — Oui, c’est tout. Tu peux sortir. Je me levai à mon tour. Il était à un mètre à peine. Cette légère barbe, cette bouche fine qu’il mordillait sans cesse, si tentante… — Charline ? dit-il alors que j’étais sur le point de sortir. Dans mon fantasme, je savais très bien ce qui se passerait ensuite. — Oui ? — Amusez-vous bien, demain soir. — Pardon ? — La fête, au champ. Amusez-vous bien. — Oh. Oui, merci. Je tâcherai. J’avais envie de le supplier de venir. Je me disais qu’avec quelques verres dans le nez je pourrais lui avouer qu’il me rend dingue et j’aurais une excuse ensuite pour dire que je ne pensais pas ce que je disais. Quand je retrouvai Clem dehors, elle était en train de fumer avec Fabien et Omar, des élèves de deuxième année. J’arrivai en plein dans la conversation pour l’entendre dire que certains d’entre eux se joindraient à notre promo. — Il voulait quoi ? me demanda-t-elle lorsque nous fûmes seules. Je lui racontai notre courte conversation, mais surtout les regards échangés, le plaisir d’être remarquée, de me retrouver seule avec lui, même quelques minutes. — On invite Godet pour de vrai ! dit-elle. — Hein ? — Comme ça on est sûres qu’il se pointe. Obligé. Si Godet est là, il sera là. Je n’avais pas envie d’espérer pour rien, mais l’idée qu’il vienne à la soirée réchauffait mon ventre de façon si exquise que je l’accompagnai demander à Godet la minute qui suivit. Le lendemain, nous n’avions qu’une heure de cours avec Dimitri. Je rêvassai tout du long. Je me gavai de son être, je le goûtai de l’œil, je me shootai aux fantasmes qu’il fit naître en lisant un texte à voix haute, au point d’être proche de l’orgasme en croisant les jambes. À la fin du cours, bien que Godet n’ait répondu qu’un « peut-être, on verra », Clem réitéra son invitation, que Dimitri refusa une fois de plus. Cela ne m’empêcha pas de passer une heure dans ma salle de bain le soir venu, à me préparer jusqu’au bout des ongles à l’éventualité de sa présence. Comme nous allions être dans l’herbe, à la fraîche pendant des heures, j’optai pour un jean noir et un haut à manches longues, dont le dos échancré se devait d’être porté les seins libres. S’il pointait le bout de son nez, je voulais qu’il voie que je peux pointer aussi. Nous remontions le chemin de Coluson, munis de lampes torches pour voir où nous mettions les pieds, les sacs à dos pleins d’alcool et Clem avec des mini-speakers pour passer de la musique. Il y avait déjà une vingtaine de personnes en arrivant au champ. Les deuxièmes années, habitués à ce rituel champêtre, avaient déjà allumé un feu de camp et commencé la soirée sans nous. Je posai mon sac, me servis un verre dans un gobelet et attendis au coin du feu qu’on vienne me parler. C’est Omar qui vint s’assoir à côté de moi le premier. Tout le monde savait qu’il avait déjà fait le tour des filles de sa promo. Je me sentis convoitée pour les mauvaises raisons. Je me levai donc au prétexte de vouloir danser. Soudain, il y eut un brouhaha, des « Oooh ! M’sieur Godet ! » Et puis Clem me tira le bras comme si elle voulait le décrocher. — Regarde qui est là ! dit-elle en chuchotant à peine. Je lançai un regard vers le chemin et vit Godet, accompagné de Dimitri. Le trac creusa mon ventre. Il arrivait dans une tenue un peu plus détente que d’habitude, en simple sweater et jean. Le voir en dehors des cours. Cette impression étrange de découvrir un homme une deuxième fois. Clem se pressa d’aller les voir. En attendant qu’ils arrivent plus près, je songeai à ce que je pourrais bien lui dire. Quelqu’un lui tendit une bière, qu’il prit volontiers. Il balaya le groupe du regard et tomba sur le mien. Il me sourit, leva sa bière pour me saluer et suivit Godet. — Détends-toi cocotte, t’as l’air tendue, dit Clem en revenant vers moi. — Mais regarde-le Clem ! Regarde-le ! Bordel ! J’ai tellement envie de lui sauter dessus ! Je fais quoi maintenant ? — Vas lui dire que t’es surprise mais contente qu'il soit venu, le reste viendra tout seul. Je pris mon courage à deux verres et m’approcha de Dimitri dès que Godet le laissa seul un instant. Il sourit en me voyant arriver dans sa direction. — C’est sympa d’être venu, dis-je. — Oui, finalement... Tu sais, ça m’arrive de venir à vos soirées. — Je ne vous y ai jamais vu. — Non, pas cette année, c’est vrai, c’est la première fois. J’évite de le faire trop souvent pour garder un peu de distance. Un petit bâton dans les roues, ou une perche, que je saisis. — Est-ce bien nécessaire de préserver de la distance ? On est tous adultes ici. On sait reprendre notre place lorsque le jour se lève. Il me regarda en silence, d’un de ses regards intrigués qu’il est difficile de soutenir. Comme un petit silence s’installa, j’en profitai pour dire : — Je déteste cette musique, vous voulez qu’on marche un peu ? Je passai devant lui, pour lui montrer le chemin, mais surtout pour que ses yeux se posent sur mon dos nu. Son manque de résistance fit grimper mon excitation. Après quelques pas, il se mit à ma hauteur pour m’observer. — Tu m’emmènes loin comme ça ? J’ai laissé ma lampe torche avec Godet. — Non, pas très loin, juste au bout, là. C’est plus discret. Il posa sa main sur mon bras et m’arrêta net. — Plus discret pour quoi ? dit-il. Sa façon de me regarder disait oui et non à la fois. Il voulait juste que je le pousse un petit peu. Je voyais bien qu’il respirait plus vite. Je me remis à marcher. Il me suivit en silence. Entre mes cuisses, il provoqua une douce chaleur sans lever le petit doigt. — Là, c’est mieux, dis-je. De là où nous nous trouvions, nous pouvions voir le groupe au loin, mais maintenant, il y avait quelques arbres et des buissons pour nous cacher. — Alors ? dit-il. L’avoir à moi seule, sous la lumière de la lune. Le sentir troublé de sortir de ses clous. Je ne sais pas si c’est l’alcool, ou juste l’envie désespérée de goûter à sa langue, mais je ne pus m’empêcher de dire : — Vous l’aimez mon petit haut ? Il secoua la tête, comme s’il n’avait pas compris. — Quoi ? — Mon petit haut, Dimitri, vous aimez ? — Euh… Oui, oui, il est très joli. Mais… — Je l’ai mis en pensant à vous, en espérant sentir vos mains passer en dessous. — Mais enfin Charline, qu’est-ce que vous dites ! Je m’approchai de lui, il eut un léger mouvement de recul et jeta un œil sur le groupe au loin. — Vous ne voulez pas de moi ? dis-je. Il ouvra grands les yeux. — Quoi ? Si bien sûr que si ! Enfin, non, non je veux dire… Qu’est-ce qui se passe ? — Je ne dirai rien à personne, promis. Je m’approchai de son visage en fermant les yeux, lui laissant le choix de faire ou de ne pas faire. Et je sentis soudain ses lèvres succomber aux miennes. Il envoya un frisson divin le long de ma colonne. J’écartai les lèvres pour le laisser entrer, et il me pénétra de sa langue avide, entre deux souffles impatients. J’ouvris les yeux pour mieux apprécier sa capitulation. Il les avait fermés, il se délectait autant que moi de ce baiser salace. Sans même que j'aie à lui demander, je sentis ses mains froides se frayer un chemin sous mon top. Elles arrivèrent sur mes seins, qu’il prit à pleines paumes et souleva. On laissa tout deux échapper un gémissement. Ce n’était pas le froid qui me faisait pointer, c’était de le voir perdre le contrôle complètement. — Punissez-moi, Dimitri. Il s’arrêta pour me regarder dans le blanc des yeux, comme s’il n’avait pas entendu. Mais son regard changea. Non seulement il m’avait entendue mais l’idée semblait lui plaire. — Tu savais très bien ce que tu faisais en m’amenant ici, hein ? dit-il, espiègle. Je souris pour tout réponse. Il défit sa ceinture, ouvra sa fermeture éclair, sortit sa queue déjà tendue. — Tu veux de taper un professeur, c’est ça ? Ça t’excite ? Je pris sa verge dans mes mains et fis oui de la tête. — Je me touche tous les soirs en pensant à vous, dis-je. — Oh put… Il ne s’attendit pas à entendre pareille révélation. Et je savourai. Sur son gland, je sentis du bout des doigt une goutte de sperme. Il alla s’assoir contre un arbre. — Viens ici, ordonna-t-il. Je vins m’accroupir à côté de lui. — Suce-moi. Sa voix, subitement si grave, fit trembler mes dessous. Je me penchai sur lui pour le prendre en bouche. Mes lèvres vinrent l’envelopper, sa queue glissa sur ma langue. Soudain, sa main claqua mes fesses par-dessus mon jean. J’entendis le son avant même d’en ressentir la douleur. La surprise me fit ouvrir la bouche. — Pourquoi t’arrêtes-tu ? dit-il. — Professeur… Je dois vous avouer… Je n’avais même pas révisé. Un sourire illumina son visage. Il vint me claquer une fois encore. La position dans laquelle je me trouvais faisait presser la couture à mon jean contre mon clitoris et les contractions qui suivaient la fessée venaient accentuer la sensation. J’avais le sexe de mon prof dans la bouche. Il me fessait. Mon jean était trempé. — Déshabille-toi, dit-il. Je me levai aussitôt et fit tomber mon jean, ma culotte et mon top en deux mouvements. Il me laissa debout un moment, admirant mes courbes, la main se baladant sur son sexe. — Viens te mettre à quatre pattes devant moi, dit-il enfin. La pudeur voulut m’en empêcher, mais l’envie était bien trop grande de lui obéir. Il paraissait d’ordinaire si rangé dans sa petite chemise que dans mes rêves les plus fous je ne l’avais pas imaginé si grivois. Je m’exécutai, les fesses nues à disposition, face à lui. Il contempla la vue. — Tu ferais vraiment tout pour avoir de bonnes notes, toi. — Non, ce n’est pas pour ça, dis-je. — Pour quoi alors ? — J’aimerais savoir à quoi vous ressemblez, lorsque vous venez, juste pour moi. Ce fut la phrase de trop pour lui. Il se releva, me retourna sur le dos et vint s’immiscer entre mes jambes. Il me pénétra dans un râle. Sa chair était enfin dans la mienne. Mes seins roulèrent au rythme de ses coups de reins. Je compris alors en le voyant au-dessus de moi qu’il me prenait de la sorte pour que je ne loupe rien. Il planta son regard dans le mien de façon si intense, comme s’il me défiait du regard d’oser jouir. Ses mouvements dans mon corps étaient affamés. Il n’eut pas à attendre longtemps avant qu’une chaleur familière ne vienne mettre mon corps en feu. De son pouce sur mon clitoris, il cherchait mon orgasme, me titillait de l’extérieur. Il se régalait de me voir au bord du précipice, les yeux et la bouche grande ouverte par sa faute. — Jouis pour moi, maintenant, ordonna-t-il. Ce ne fut pas de la magie. Son petit manège fonctionna à merveille. La sensation partit du fond de mes tripes et vint se coller dans le haut de mon crâne, avant de redescendre sur mon sexe puis de remonter, puis de redescendre. Je ne pus m’empêcher de gueuler. Il mit une main sur ma bouche mais continua de remuer pour bien me terminer. Il me vidait de toute mon énergie. Quand la sensation s’amenuisât, je le sentis accélérer. Il était maintenant concentré sur son plaisir. Il ne me lâcha pas du regard, il voulait s’assurer que je ne rate rien de ce qui était sur le point d'arriver. Il se retira alors et se plaça au-dessus de moi, la queue à la main, venant chercher la fin de mon caprice. Lorsque celui-ci se pointa, il me fixa en gémissant la mâchoire serrée, vidant son plaisir sur mon ventre, entre mes seins, comme s’il venait marquer son territoire, comme si je ne considérais pas déjà lui appartenir. Il râla sa fatigue, secouant la tête comme s’il ne comprenait pas ce qui venait de se passer. — Vous m’aviez demandé de bien m’amuser, dis-je. C’est chose faite. © Tous droits réservés - Charlie M.P. |