Elle ne se doutait pas qu’il la suivait, mais cela faisait un petit moment déjà que ses pas étaient dans les siens. À chaque foulée, il respirait le parfum délicat de son être tout entier et ça le mettait en appétit. Le vent passant dans ses longs cheveux dorés les faisait valser. Sa jupe se soulevait à chaque pas, découvrant ses cuisses nues, attisant sa curiosité avide et validant ses choix. C’était elle, pas une autre, qu’il avait choisie aujourd’hui. Pendue au téléphone depuis dix bonnes minutes, elle était à mille lieux de penser être la proie du diable en personne, un petit en-cas qu’il souhaitait s’offrir.
Depuis toujours, il profitait du sommeil des femmes pour goûter à leur chair. Certaines l’avaient déjà aperçu disaient-elle en rêve, sous sa vraie forme. Son corps était recouvert d’une peau rouge et lisse qui donnait à ses muscles un relief particulier, des cornes de boucs ornaient son front et son large sourire était accentué de longues canines. Toutes disaient la même chose : la bête est terrifiante, mais bien qu’il fût un monstre, un croisement entre un homme et un animal, il n’en demeurait pas moins une vision fascinante de puissance et de virilité. Se faufiler pendant la nuit dans la couche d’une femme, il en était revenu. Il se plaisait à présent à détourner une mortelle de son chemin, à lire l’envie dans ses yeux de se soumettre à lui, à sentir son désir en plein jour. Il se fondait à la population, empruntant le physique des Hommes, s’adaptant à ses proies en leur apparaissant sous les traits de leurs préférences. Il lui suffisait donc de choisir, d’envouter et de prendre sans même avoir à demander. Elle entra dans un café, commanda un latté puis s’assit à une table. Il la regardait faire derrière la vitrine. Les quelques hommes déjà là l'observaient avec une timidité dont le diable savait tirer profit. Il se décida à entrer lorsqu’elle ouvrit son ordinateur portable et commença à taper sur son clavier. Et plutôt que d’aller s’assoir à une table vide, il tira la chaise en face d’elle et s’y posa. Elle leva les yeux de ses lunettes rondes. Le désir de la bête ne fit que grimper à la vue de sa bouche rouge écarlate. Elle s’apprêtait à dire quelque chose mais se retint, voyant devant elle l’image en un seul homme de toutes ses envies réunies. Elle se remit à écrire, sans un mot pour lui. Il vit la vitesse à laquelle son pouls battait à la base de son cou et il s’en amusa. Ses yeux se posèrent sur le solitaire à son annulaire gauche, une des raisons pour laquelle son choix s’était arrêté sur elle. — Vous avez assez de place ? dit-elle. Elle pointait son ordinateur des yeux, presque gênée de déranger alors que l’inverse était vrai. La bête pouvait entendre le désir dans le trémolo presque imperceptible de sa voix. — Non seulement j’ai la place qu’il me faut, mais quelle vision vous êtes! Elle ouvrit grand les yeux puis se mit à rire discrètement. Trouvant la situation cocasse, elle se saisit de son portable et envoya un message à sa meilleure amie. Lorsqu’elle le reposa sur la table, il demanda alors : — Vous attendez quelqu’un ? — Oui. Elle préféra mentir. Elle joua de son alliance à son doigt ouvertement, pour lui signifier que c’était peine perdue. Son mensonge était un petit vice qui ne fit qu’attiser l’envie de la bête. Il avait entendu sa conversation au téléphone plus tôt. Il savait qu’elle comptait rester dans ce café toute l’après-midi pour y travailler. D’ailleurs, elle n’arrivait pas à s’y remettre. Elle tapait n’importe quoi sur son clavier, prétendant être occupée depuis une minute déjà. Cet homme la troublait. Depuis que ses yeux étaient tombés sur lui elle ne souhaitait qu’une chose : qu’il lui parle encore. Comprenant la détresse de celle-ci, le diable se remit à jouer. Il la fixa en silence, la laissant maître de son destin encore quelques instants, comme l’on joue avec un poisson au bout d’une ligne. Elle sentit son cœur accélérer, son ventre fourmiller. Non seulement il était intéressé mais elle comprenait qu’elle l’était peut-être un peu aussi. Elle porta son café à ses lèvres et la bête fixa l’ouverture de sa bouche. Elle avala doucement sa gorgée pour ne pas faire de bruit, ce qui provoqua encore plus le désir en face d'elle. — C’est une si belle journée pour travailler à l’intérieur, dit-il. Ne voudriez-vous pas plutôt vous joindre à moi dehors ? Il était impatient. Elle mit ses mains devant elle pour lui répondre qu’elle n’était pas intéressée et pointa cette fois-ci son alliance ouvertement. — Je ne suis plus à prendre, dit-elle. Le choix des mots le fit sourire. Aucune autre parole ne sortit de ses lèvres rouges. Elle naviguait entre le désir d’en savoir plus et celui de l’envoyer promener. L’homme faisait naître en elle une soif animale qu’elle sentait dangereuse. Une envie presque incontrôlable la poussait à rester là, sous le regard de cet étranger. L’avait-elle déjà vu en rêve ? Elle s’était décidée à le défier du regard en silence elle aussi quand son téléphone se mit à sonner. Elle décrocha aussitôt. Elle parla à voix basse. « Non, je suis au café avec Emilie. Je ne rentre pas tard promis. À tout à l’heure. Bisous. » Ce deuxième mensonge émoustilla Satan encore plus que le précédent. La perspective de ses jolis doigts de fiancée sur son corps et de cette langue au goût de café sur son membre le faisait frémir. — Vous mentez à votre fiancé ? Elle le trouva gonflé. Mais sa façon de lui parler, comme s’il sentait ce qui se passait en elle, la fascinait. Ce petit tiraillement, cette chaleur exquise dans le creux de son ventre ne mentait jamais. Elle croisa les jambes et se faisant, toucha le genou du diable avec son pied. Satan le saisit au passage et caressa le dessus de celui-ci avec son pouce. Elle ne bougea pas, elle le laissa faire, ensorcelée par tant de délicatesse. Les yeux du diable devinrent noirs. Ses doigts remontèrent doucement sur sa cheville. Elle le regarda faire en silence, le souffle court. Sa main s’aventura plus haut, sur son mollet. Elle retint son souffle puis sa bouche s’entre-ouvrit. Il continua son chemin jusqu’à l’arrière de son genou, laissa ses doigts s’aventurer sur l’arrière de sa cuisse. Elle eut un léger sursaut mais sa lèvre inférieure se retrouva derrière ses jolies dents. Il la caressa un instant, sentant l’appétit dans ses jolis yeux marrons. Elle les ferma une brève seconde, signalant sans le vouloir son abandon. Il reposa délicatement son pied au sol. — Je serai à un cocktail jusqu’à 20h ce soir, dit-il, hôtel Drakkar, si vous souhaitez me revoir. Elle aurait bien répondu qu’il s’agissait là de la dernière fois qu’il la voyait, mais il se leva et sorti du café sans lui en laisser le temps. Elle retrouva son fiancé. Ils regardèrent un film en dînant. Elle mâchait, les yeux étaient rivés sur le cadran de l’horloge. 7h20. Elle pensa à des excuses. Elle pensa à mettre Emilie dans la confidence. Reste-t-il dormir dans cet hôtel ? Alors que tout va bien dans sa vie, pourquoi penser à lui ? Elle réfléchissait à tout cela en se caressant la cheville, comme pour revivre l’instant. Qu’avait-il pu ressentir sous ses doigts en remontant comme ça ? La sensation revenait au creux de son ventre. Elle se rappela l’intensité de son regard, sa voix chaude, ses manières délicates. Rien que de penser à ce qui pourrait se passer dans cet hôtel fit monter le rose à ses joues. Elle prit son téléphone et fit mine d’y lire quelque chose. — Emilie a besoin de son chargeur d’ordi, elle l’a oublié au café et je l'ai dans mon sac. — Elle peut venir le chercher ? — Attends, je lui demande… Elle fit mine d’envoyer un message puis d’en recevoir un autre. — Elle dit qu’elle est déjà en pyjama. — Et ? — Oh ce n’est pas grave. Je peux y aller ça ne prendra pas longtemps. — Quand même… une demi-heure aller, une demi-heure retour… — Ça ne me dérange pas. Plus elle insistait dans son mensonge, plus la honte la submergeait. Il lui donnait la possibilité de mettre un terme à tout ce petit manège, mais elle s’entêtait. — C’est toi qui vois ! finit-il par dire, scellant son destin en quelques mots sans le savoir. Elle ne passa pas trop de temps dans la salle de bain, pour ne pas qu’il sache qu’elle se refaisait une beauté. Elle enfila ses bottines et sortit de l’appartement. En passant devant une voiture, elle jeta un œil sur son reflet et se jugea. Pourquoi ne lui suffisait-il pas de fantasmer cet homme comme d’autres l’ont sûrement fait avant elle ? Il est à l’hôtel, il est de passage, se disait-elle. Il ne reviendra sans doute jamais. J’enterrerai ce secret avec moi dans ma tombe. Elle vérifia l’heure sur son téléphone. 7h50. Elle sauta dans le wagon du métro. Elle pensait que tout le monde pouvait lire sur son visage ce qu’elle s’apprêtait à faire. Elle suivait aveuglément le désir de sentir cet homme au fond d’elle. Ses yeux noirs plein de vices la hantaient. Elle regarda l’écran de son téléphone à nouveau et contempla de mettre Emilie au courant. Son amie comprendrait sûrement, si elle lui expliquait tout. Mais qu’y avait-il à raconter exactement ? Qu’elle s’apprêtait à se donner à un homme qu’elle ne connaissait pas quelques heures auparavant ? Ce n’est même pas un coup de foudre, juste un besoin viscéral, inexplicable, de se donner à lui. Elle ignorait alors que peu de personne pouvait résister au diable, encore moins lorsqu’il avait jeté son dévolu sur vous. Il usait de ficelles pernicieuses. Quand le vice le poussait à s’accoupler, rien ne pouvait lui résister sauf celles qui vouaient leur vie à Dieu, et encore, il avait réussi à en détourner quelques-unes de leurs vœux pieux. L’hôtel était là, juste en face de la sortie du métro. Les lettres noires du mot Drakkar semblaient l’inviter à entrer. 8h01. Le cocktail se finissait sûrement. Devrais-je le rejoindre dans la salle ? Les portes de l’hôtel s’ouvrirent lorsqu’elle s’en approcha. Le hall d’entrée était majestueux. Le carrelage marbré blanc et noir scintillait sous la lumière des lustres gigantesques qui descendaient tout droit d'un plafond de trois ou quatre mètres de haut. Au loin, de larges fauteuils étaient occupés par des gens d’affaires en pleine discussion, un verre à la main. Elle s’approcha du comptoir de la réception et demanda où le cocktail avait lieu et si elle pouvait s’y rendre. La réceptionniste lui demanda son nom. — Odessa Persa. Je ne suis probablement pas sur la liste. — Non, vous n’y êtes pas. En revanche, j’ai un message pour vous. Comment pouvait-elle avoir un message ? Comment pouvait-il connaître son nom alors qu’elle ne lui avait pas donné ? La réceptionniste lui tendit une carte magnétique, sur laquelle était écrit « Utilisez ceci pour l’ascenseur. Chambre 500, entrez et faites comme chez vous. » — Vous êtes bien sûr que c’est pour moi ? demanda-t-elle. — Monsieur vous attend. Il n’avait eu aucun doute sur le fait qu’elle viendrait, ce qui rajouta à sa honte. Elle s’engouffra dans l’ascenseur et fit biper sa carte magnétique. Elle tremblait comme une feuille. Elle avait soudain peur de ce qu’elle pourrait trouver dans cette chambre. Les portes s’ouvrirent sur une suite gigantesque à l’odeur de cuir et à la température un peu trop élevée. Elle s’étonna de ne pas être tombée dans un couloir mais directement dans un salon. Elle distingua et reconnut, malgré la pénombre, la veste jetée négligemment sur une chaise. Elle approcha timidement de la lumière au loin. Un rythme de batterie bien plus lent que son cœur passait à la radio. Quand la voix du chanteur apparut, elle reconnut immédiatement Closer. Il a choisi cette chanson, pensa-t-elle, ce ne peut pas être une coïncidence. La source de lumière venait de quatre grands bougeoirs en bronze, posés autour d’un lit à baldaquin. À la vue des draps rouge en satin, elle se dit qu’il était impossible qu’il s’agisse du choix de l’hôtel. Elle entrait chez lui, avant qu’il n’entre chez elle. — Je n’ai pas d’âme à vendre, fredonnait-on derrière elle. Sa voix grave, même murmurée était facilement identifiable. Elle se retourna et le trouva devant elle, en smoking, la cravate desserrée, la chemise légèrement ouverte, arborant un sourire satisfait. — Ah… Cette jolie jupe… Il était encore plus impressionnant à la lumière des bougies que plus tôt dans le café. Les traits de son visage étaient accentués, l’étincelle dans ses yeux plus évidente. Il la regardait, amusé par son silence. C’était impossible, mais il émanait de lui une certaine aura qu’elle pensait avoir déjà vue quelque part. — Vous semblez perdue ma chère, tenez-moi ça. Il lui tendit une coupe de champagne qu’elle manqua de faire tomber, puis s’approcha d’elle pour déposer un baiser sage dans son cou. La chaleur irrésistible de ses lèvres contre sa peau signait sa faute. Il empoigna ses fesses pour la ramener à lui et elle ne put retenir un petit cri. Il introduisit sa langue dans sa bouche, mêlant sa salive à la sienne. Sa tête se mit à tourner et elle lâcha sa coupe de champagne. Succomber à la tentation était bien plus intense qu’elle ne l’imaginait, elle sentit le vice au creux de ses cuisses. — Quelqu’un sait que vous êtes ici ? dit-il entre deux souffles affamés. Elle fit non de la tête. — Vous lui avez menti ? Elle dit oui du bout des lèvres. Son aveu fit grogner Satan de plaisir. Il la souleva comme si elle ne pesait rien et la déposa sur le lit. Elle ne pouvait lâcher des yeux la bosse énorme dans son pantalon. Il prenait son temps, enlevant sa chemise et contemplant la soif dans les yeux de sa proie. Elle se redressa pour toucher la peau de son torse, si ferme puis défit sa ceinture à la hâte. Elle voulait son sexe en elle tout de suite. Le diable la regarda faire. Son impatience l’enchanta car il commençait à se sentir à l’étroit. Elle vint le chercher en plongeant la main, sans prendre le temps de le déshabiller. Elle le sortit et il se déploya vers le ciel, robuste et imposant. Ses sourcils se soulevèrent et son bas-ventre se mit à bouillir. Elle fit glisser sa culotte à ses pieds, s’allongea puis remonta les jambes. — Prenez-moi ! Prenez-moi vite ! suppliait-elle, consumée par la passion. Voyant ce sexe offert, la bête s’avança et saisit son membre d’une main assurée. Ce bout chaud pointé sur elle était plein de promesses, elle le voulait au plus profond de son être. Elle leva les yeux au plafond et y vit un large miroir. Elle crut d’abord y voir mal. Elle cligna des yeux pour s’en assurer, mais le reflet lui renvoyait un être immense à la peau pourpre. La peur étouffa son hurlement. Habitué à lire la panique dans les yeux des femmes, il prit un ton très calme. — Je ne vous veux aucun mal, ma chère, bien au contraire. Ses yeux allaient et venaient entre le reflet du miroir et l’homme devant elle qui l’excitait tant. Il approcha ses longs doigts et les fit glisser lentement le long de sa fente. Elle ne recula pas. Elle était émerveillée par la situation. — Si mon apparence originelle vous déplait, dit-il en enfonçant son majeur en elle, vous n’avez qu’à fixer mes yeux. La sensation était si bonne qu’elle manqua de s’évanouir. Il fit aller et venir son doigt tout doucement, le regard avide. Elle releva la tête pour voir à nouveau son apparence réelle. Elle voulait voir qui la touchait vraiment. Elle vit ses cornes, le corps démesuré par rapport au sien, ce phallus saillant. Et comme il continuait de lui faire du bien sa peur se dissipait et une envie bien étrange naissait en elle. Le reflet commençait à lui paraitre séduisant. Alors qu’il s’agenouillait pour fourrer sa tête entre ses cuisses, elle le retint. — Je veux vous voir, vous, dit-elle. Il eut un sourire. — Vous êtes sûre ? Elle fit oui de la tête. — Fermez les yeux. Les paupières fermées, elle prit soudain conscience de la vitesse à laquelle son cœur battait. Le diable n’était pas une légende, il n’était pas un rêve, il était bien réel, il était entre ses cuisses. Elle fut soudain prise d’une envie vorace. Elle ouvrit les yeux à nouveau et le vit en face d’elle. On le peignait souvent avec une tête d’animal mais seules ses cornes et ses dents lui donnaient un air bestial. Son regard ardent n’avait pas changé, son sourire non plus. Sa carrure était puissante et la taille de ses mains avait presque doublée. Il en passa d’ailleurs une sur elle pour s’assurer de son désir et trouva un sexe humide. — Oh, dit-il d’une voix espiègle, votre corps offert me réjouit. Elle se redressa et caressa le corps ocre devant elle du bout des doigts, comme pour se convaincre qu’elle ne rêvait pas. — Vous êtes…, dit-elle. Sa main passa doucement sur le relief des muscles de son abdomen. — …Majesteux… Les terminaisons nerveuses dans la pulpe de ses doigts étaient comme amplifiées. Elle toucha timidement la base de sa verge et sentit un pincement familier au fond d’elle. — …superbe, dit-elle en le regardant droit dans les yeux. Elle aussi, comme tant d’autres, avaient usé de ces mots. Le regard du diable frétillait. Une goutte laiteuse perla au bout de son gland. Elle s’en approcha pour la goûter. Il la regarda faire, alors qu’elle attrapait son appendice des deux mains, donner un coup de langue, puis faire naviguer sa jolie bouche rouge sur son pourtour. Elle avait l’air si fragile à ses pieds, mais si perverse. Elle jetait de temps à autre des regards vers lui, vérifiant qu’elle faisait bien. Il ne montrait rien, mais la fermeté de ses bourses témoignait du plaisir qu’elle lui procurait. Elle se releva et se coucha sur le dos, les jambes écartées face à lui. — Par pitié, mangez-moi ! dit-elle. De toutes les choses qui pouvaient exciter la bête, la supplication était la plus forte. Il s’agenouilla, attrapa les cuisses de sa proie de ses mains géantes et enfourna sa langue dans sa chair. Elle lui saisit les cornes et le tira plus profond. La langue de Satan la fouillait, titillant ses parois avec délectation. Elle sentit ses canines rafler contre sa peau. — Oh oui… Mordez-moi… Il la mordilla et elle se mit à onduler les hanches, pleine d’envies furieuses. Voir son plaisir décupla l’envie du diable. Il voulut la prendre, mais il voulait qu’elle le supplie de le faire. Et il n’eut pas à attendre bien longtemps. — Transpercez-moi ! supplia-t-elle. Il prit sa fine taille entre ses mains et poussa son sexe en elle. Elle crut qu’il la déchirait. Voir le diable rugir au-dessus d’elle l’excita tellement que très vite, ses va-et-vient brusques glissaient en elle jusqu’à la garde sans aucune douleur. Chacun de ses mouvements multipliait le plaisir du précédent. Le diable le sentait et redoublait d’efforts, ondulant sur elle, allant chercher le plaisir de la jeune femme autant que le sien. Leurs regards ne se quittaient plus. Ils étaient tous deux agités par la débauche, déterminés à atteindre l’extase. Il se mit à rugir, ce qui les mirent en route. Le plaisir partit du fond de leur ventre. Elle sentit ses muscles se contracter, la sensation monter par à-coup. Une chaleur intense emplit son corps. Elle savoura une décharge électrique délicieuse le long de sa colonne vertébrale jusqu’en haut de son crâne. C’était comme si leurs corps ne formaient qu’un, car elle pouvait ressentir le plaisir du diable autant que le sien. Elle connaissait le plaisir mais celui-ci était différent. Alors que son orgasme durait, toutes les cellules de son corps appréciaient en même temps celui du diable. Elle comprenait les grimaces sur son visage, ses yeux perdus, les mouvements qu’il faisait en elle. Sans pouvoir se l’expliquer, elle pouvait l’entendre dans sa tête. Il gémissait, il lui disait toute sorte d’obscénités. Elle lui communiqua, sans pouvoir le contrôler, toutes les pensées lubriques qui lui traversaient l’esprit. Elle voulait que le diable l’inonde. La voir si docile et entendre ses profondes turpitudes l’excita plus que de raison. Il déversa en elle des jets si puissants qu’elle put les ressentir de l’intérieur. Un liquide froid glissait entre eux comme une caresse. Dans l’excitation, Satan lui mordit l’épaule. Ses canines vinrent se planter dans sa chair. Et curieusement, la morsure entraina chez elle une ivresse euphorique. Elle aurait voulu qu’il la mange toute entière. L’orgasme s’épuisa peu à peu. Elle revint à elle lorsque l’imposant pénis du diable sortit de son corps. Elle se demanda d’ailleurs comment elle avait pu l’accueillir sans mal. Satan reprit sa forme humaine, alors qu’elle remettait sa jupe en place. Il y avait quelque chose chez cette Odessa qui laissait Satan sur sa faim. D’habitude, une fois son affaire fini, le diable se sentait repus et il ne repartait pour un deuxième tour qu’à la demande de sa victime. Mais la sensation dans son corps était atypique. Il pensait l’avoir ensorcelée mais la voyant se préparer pour partir, il se demanda si ce n’était pas elle qui lui avait jeté un sort. Elle regarda l’heure sur son téléphone. 8h05. Il était impossible qu’à peine 4 minutes se soient écoulées entre son entrée dans l’hôtel et maintenant. Bien que ce tout petit lapse de temps l’arrange, elle ne se l’expliquait pas. Satan posa le doigt sur l’écran. 8h04 – 8h03 – 8h02 – 8h01… Elle releva la tête, surprise, se demandant si le temps ne remontait que sur son téléphone. — Quelle heure vous arrange ? dit-il. Il ne le faisait pas pour elle. Il se moquait de savoir si sa relation survivrait cette faiblesse. Il le faisait pour lui. Pour qu’elle revienne. Elle fit un bref calcul mental. — 7h30. Il sourit, posa son doigt à nouveau et l’horloge indiqua 7h30. Elle enfila ses bottines et sortit aussitôt, sans se retourner. Satan la regarda partir, le ventre bouillant de désir. Elle arriva chez elle à 7h46. Une minute à peine après être sortie. — T’as oublié quelque chose ? dit son fiancé. Elle posa son sac, enleva ses bottines et le rejoignit dans le salon. — Emilie n’en n’a pas besoin tout de suite, je lui ramène demain finalement. Une semaine complète passa. Odessa pensa à sa rencontre avec le diable chaque minute qui passait, dès qu’elle ouvrait l’œil le matin. Elle regardait son fiancé dormir avec le sentiment qu’il ne pourrait jamais la satisfaire de cette manière. Aucun mortel ne pourra me donner un orgasme aussi infernal, c’était impossible. Elle fantasmait le jour et avant de s’endormir la nuit. Et la nuit, elle rêvait de lui. Et puis n’y tenant plus, elle voulut en avoir le cœur net et s'assurer qu'elle ne l'avait pas rêvé. Elle envoya alors un message à son fiancé. « J’ai un pot de départ au boulot, j’essaye de ne pas partir trop tard. » Elle voulait se donner un alibi, même si le temps n’avait pas grande importance si elle tombait de nouveau sur lui. Elle arriva au Drakkar et se présenta à la réception. Se rendant compte qu’elle ne connaissait pas le nom de celui qui la tourmentait tant, elle demanda si la personne occupant la suite 500 samedi dernier était toujours là. — Il n’y a pas de chambre 500 dans cet hôtel, mademoiselle. — Comment ça, pas de chambre 500 ? La jeune fille m’a donné une carte pour cette chambre-là la semaine dernière. — Etes-vous bien sûre qu’il s’agissait de notre hôtel ? — Oui, oui, je suis bien sûre. — Nous n’avons pas de femmes, à la réception. Commençant à questionner sa propre santé mentale, elle se retourna pour vérifier qu’il s’agissait bien du même hall d’entrée. Et elle était positive. — Il y avait un cocktail, ce jour-là, dit-elle comme une question. Les deux réceptionnistes la regardèrent sans dire un mot. Elle prit la cage d’escalier d’un pas décidé. — Mademoiselle ! criait-on derrière elle. Mais personne ne la suivit. Elle monta les escaliers deux par deux. Un étage. Puis deux. Puis trois. Puis plus rien. L’hôtel n’avait que trois étages. Elle dévala les escaliers en redescendant, manquant même de se fouler la cheville, puis sortit en nage, se plaça en face de l’immeuble et leva les yeux. Elle compta les étages visuellement. Elle secoua la tête, pensant devenir folle. Une dernière idée lui vint. Elle poussa la porte du café. Et là, dans le coin, assis dans un fauteuil, une jambe croisée sur l’autre, lisant un journal, elle le trouva. Elle s’assit en face de lui. — Comment ? dit-elle tout bas. Il se redressa et se garda de dire les premiers mots qui lui venaient à l’esprit. Son petit sourire fit naitre chez elle une envie encore plus déraisonnable que la précédente. — Pourquoi me cherchez-vous ? dit-il. Tous deux savaient très bien, au fond, pourquoi elle le cherchait. Mais elle sentait aussi que ce n’était pas entièrement de sa faute. — Vous m’avez appelée, osa-t-elle. Le diable humecta ses lèvres. — Je ne vous ai pas appelée. Mais il est vrai que répondre à un désir est une forme de communication psychique. Elle ne savait que dire, que faire. Voyant son désarroi, et entendant ses pensées, le diable la mit sur la voie. — Je suis prêt à vous offrir ce que vous recherchez. Mais sachez que vous ne pourrez pas revenir. — Quoi ? Qu'est-ce que je recherche? Il descendit les yeux sur elle, la toisant comme si elle était nue devant lui. — Vous souhaitez voir les ténèbres, non ? Voir ce qu’il se passe de l’autre côté. Cette pensée avait effectivement traversée l’esprit d’Odessa. Mais ce n’était qu’un fantasme, rien de plus. — Oui, il y a des orgies, lui répondit-il. Il pouvait tout entendre. Elle essaya de faire le vide dans sa tête, mais le visage en face d’elle l’en empêcha. — Oui, les ténèbres sont pleines de démons qui peuvent vous procurer tous les plaisirs, même ceux-là. Elle rougit de honte. Il pénétrait ses pensées les plus profondes. — Si c’est le plaisir que vous recherchez, alors il n’existe pas de meilleur endroit pour vous satisfaire. — Mais vous dites que je ne pourrais pas revenir ? Il fit non de la tête. — J’ai bien peur qu’il faudra me vendre votre âme pour revenir. Ses yeux s’ouvrirent en grand. Elle n’était pas venue pour mourir bêtement pour une partie de jambes en l’air, même extraordinaire. — Et que se passe-t-il, quand une âme vous appartient ? — Alors vous devez assouvir tous mes désirs pour l’éternité, que ceux-ci vous plaisent ou non. Il savait user des mots pour la charmer, il savait ce qu’elle avait envie d’entendre. Ce ne serait pas une mauvaise chose, si ? Des images du diable jouissant en elle et de démons irrésistibles se servant du reste de son corps apparaissaient dans ses pensées. Savoir que de plus grands plaisirs existaient, qu’ils étaient à sa portée rendait la décision bien facile à prendre. — Et pour y entrer, que devrai-je faire ? — Oh ça, dit-il, vous n’aurez qu’à vous laisser faire. — Quand ? Il la sentait impatiente et s’il ne se trouvait pas dans ce café, au milieu des mortels, il aurait rugi son excitation. — Suivez-moi. Elle l’aurait suivi les yeux fermés s’il le fallait. Elle voulait connaître les ténèbres, s’y pervertir autant qu’il fut possible. Il se leva et elle le suivit. Son cœur battait si fort qu’elle crut un instant qu’il était en train de la tuer. Elle savait qu’il pouvait l’entendre et ne résistait pas à lui dire tout ce qu’il aimerait qu’il lui fasse. Son entrecuisse était déjà trempé rien que d’y penser. Elle se moquait de faire ça sur un lit ou sur le capot d’une voiture, pourvu qu’il la prenne tout de suite car son ventre voulait le sentir encore. Il l’emmena dans une petite allée et poussa une porte. Ils se retrouvèrent dans le hall d’un immeuble. Elle se plaqua contre le mur. — Là, tout de suite. Je vous veux. Il lui résista. Il fallait trouver un endroit que personne ne remarquerait, le temps que son âme voyage dans les ténèbres avec lui et reviennent. Leurs corps resteraient et se feraient du bien dans le monde des mortels, mais si elle voulait visiter les ténèbres alors leurs âmes devraient les quitter le temps de leur voyage. Il frappa à la première porte qu’il trouva. Personne ne répondit, il força alors le verrou et ils pénétrèrent dans l’appartement. À en juger par le manque de décoration et de meubles, l’appartement avait été un squat. Elle ne comprit pas pourquoi il voulait courir ce risque, mais son envie était bien trop grande pour perdre du temps à lui demander. « Les démons » lui disait-elle en pensée « Je vous veux vous, et des démons, en même temps. » Il rit à haute voix. Il la fit assoir sur un vieux canapé, au milieu d’un salon presque vide. Elle ne tenait plus, elle retira ses habits et se retrouva nue en un éclair. Elle monta sur un canapé délabré en lui tournant le dos, offrant ses fesses au diable. — Prenez-moi, oh…Prenez-moi… Il s’amusa de la voir encore plus affamée que lui. Il se déshabilla à son tour, prenant son temps et jouant avec ses nerfs. Il plaça sa verge énorme à l’entrée de son trou et la poussa jusqu’au bout. Elle en gémit de bonheur. Puis il vint se coller contre elle, lui tenant le ventre. — Emmenez-moi dans les ténèbres, gémissait-elle. Il plaça sa main devant les yeux d’Odessa et lui mordit le cou. Elle se sentit partir comme si tout son corps tombait en avant. Ses crocs s’étaient plantés dans sa chair mais la morsure ne provoqua aucune douleur, bien au contraire, elle ressentit du plaisir alors que son corps se faisait de plus en plus lourd. Soudain, sa peau ressentit une chaleur moite. Lorsqu’il retira sa main de devant ses yeux, elle comprit que c’était bien réel. Il l’avait emmené avec lui, elle se trouvait dans les ténèbres. Elle n’y voyait pas à deux mètres. Ses yeux eurent besoin d’un instant pour s’habituer à la pénombre. Seules quelques bougies fixées au mur l’aidaient à distinguer le rien qui l’entourait. Elle était à genoux, sur de la terre battue. Les parois autour d’elle suintaient, taillées dans la roche. Une odeur de terre humide flottait. Et au lieu de lui faire peur, les ténèbres mirent tous ses sens en éveil. Comme pour s’en imprégner, elle plaqua son corps au sol, où la poussière vint lui coller à la peau. Il la regarda faire, le visage satisfait. La voir apprécier son antre l’excita. Lorsqu’elle se retourna, le diable se trouvait devant elle, majestueux, nu, la peau rouge et les cornes luisantes de sueur, l’appendice tendu. — Où sont vos démons ? dit-elle. — Ils sont partout, il me suffit de les convier. — Conviez-en deux beaux. Le regard du diable se fit ardent. Les pensées de sa victime étaient lubriques, et comme elles agissaient sur lui tout autant il les validait comme elles venaient. Deux démons aux gueules taillées au couteau apparurent, presque équivalent en tout point. — Voici Nezrel et Zakhal, dit Satan. Ils étaient moins statuesques que leur maitre mais tout aussi attrayants que dans ses fantasmes. Si bien qu’elle se demanda si le diable ne les avait pas créés de toutes pièces d’après l’une de ses pensées. Leurs pénis courbés était déjà au garde-à-vous. Ne sachant pas si son temps était compté, elle pria Nezrel de se coucher sur le dos, ce qu’il fit. Elle admira son corps un instant, le caressant de haut en bas du bout des doigts en regardant le désir qu’elle créait dans ses yeux noirs. Elle vint l’enjamber et s’empala sur lui. Elle prit ses mains et les lui posa de chaque côté de ses fesses avant de se mettre à aller et venir sur son corps. — Prends-lui la bouche, ordonna le diable à Zakhal. Zakhal s’approcha du couple, prit le visage d’Odessa entre ses mains et bascula sa tête en arrière. Elle se laissa aller à la douceur de sa langue, à sa salive au goût de miel alors que son corps allait et venait sur Nezrel, s'y frottant langoureusement. Le diable, qui connaissait les fantasmes d’Odessa, se laissa séduire par le spectacle devant lui et ordonna encore : — Zakhal, prends-la par derrière. Les lèvres du démon la quittèrent et il se vint se placer dans son dos. Elle se pencha en avant, contre Nezrel pour laisser son jumeau la pénétrer. Elle ne quitta pas le diable des yeux. Elle le remerciait du bout des cils de se plier à ses désirs. Il la regardait envieux, la langue passant sur ses lèvres par moment. Le pénis de Zakhal entra en elle et lui arracha une douce plainte. Les deux démons se mirent à remuer en elle, leurs membres allant-et-venant l’un contre l’autre, séparés d'une fine paroi de chair. Embrochée par deux somptueuses créatures déterminées à réaliser ses moindres caprices sous les yeux de Satan, elle se sentait maitresse du monde. Son visage se tordait de plaisir. Le diable se délectait de la voir ainsi baigner dans le vice. Ce simple spectacle le combla. Ils s’agitaient sur elle avec pour simple mission de la faire jouir. Prise entre deux démons qui connaissaient bien leur rôle, elle ne fut pas longue à enclencher. Satan vint se placer face à elle, l’appendice turgescent. — Vous êtes sur le point de venir, ma chère. Montrez-moi votre langue. Elle s’exécuta, sachant en son for intérieur qu’il saurait la satisfaire. L’orgasme fut déclenché par Zakhal. Sa verge venait la chatouiller au bon endroit. Elle senti une vibration délicieuse dans son anus qui se propagea jusqu’à son clitoris qui frottait contre Nezrel. Satan l’entendant pousser des petits cris vint placer le bout de son appendice sur la langue d’Odessa. Cette dernière était déjà perdue dans son plaisir et ce geste la fit partir. Satan déchargea sa semence froide dans la bouche de la jeune femme, dont tous les orifices étaient maintenant occupés à lui procurer du plaisir. Elle se laissait aller aux mouvements, comme une poupée de chiffon entre les bras des démons. Exténuée, elle se retrouva nue, à terre, la minute qui suivit. Elle reprenait son souffle quand Satan lui demanda si elle souhaitait retourner parmi les mortels. La tête embrumée par cette nouvelle expérience, elle ne prit pas vraiment le temps de réfléchir avant de répondre. — Laissez-moi régler quelques affaires, et revenez me chercher. — En êtes-vous bien sûre ? Les rôles seront bien différents. C’est vous qui devrez vous plier à mes moindre désirs. Encore sous l’effet de son plaisir, elle confirma. — Laissez-moi deux jours et je suis à vous. Le diable ne cacha pas son contentement et rugit si fort que la terre sous le corps d’Odessa trembla. En faisant perdre la raison d’une innocente demoiselle, la luxure l’emporta sur la pureté une fois encore. Comme promis, Satan la renvoya deux jours parmi les mortels. Une fois l'excitation retombée, elle n'était plus sûre de rien. Voulait-elle vraiment passer sa vie dans cet endroit sombre, en tant qu'esclave sexuelle ? Pour toujours? Quitter cette vie ? Son fiancé ? La première nuit, apprenant ses doutes, Satan se glissa dans ses rêves, lui rappelant qu'un pacte avec le diable n'est pas quelque chose que l’on peut négocier. Il ne voulait pas qu'elle hésite. Il voulait, pour une fois, posséder quelqu'un d’enthousiaste à l’idée de passer du temps avec lui. Quelque chose chez Odessa l’avait adouci. Il signa son rêve en lui envoyant un petit fantasme de son cru. Celui-ci était si gratiné qu'elle se réveilla en se caressant, les membres tremblants, savourant un orgasme d’une intensité indescriptible. Le temps s'écoula. Et il n'y avait rien qu'elle puisse faire pour changer son destin. Elle fabriqua alors des indices pour donner l'impression qu'elle s'enfuyait avec un amant. Elle savait que son fiancé allait souffrir, alors elle fit tout ce qu’elle put pour que ces indices provoquent la haine qui l’aiderait à passer à vouloir l’oublier vite. À l’aube du deuxième jour, comme prévu, Satan revint la chercher. C'est en le voyant de nouveau, en chair et en os en face d'elle que son désir ressurgit. Il n’eut pas eu besoin d'utiliser la force pour la faire disparaître à tout jamais de l'autre côté avec lui. Deux doigts suffirent... © Tous droits réservés - Charlie M.P. – 20/12/2021 |