— Il suffit de passer cette porte ?
— Oui. Rentrez chez vous et prenez le temps de la réflexion. Lizzie, comme je vous le disais, dix-sept pourcents ne sont toujours pas revenus. L’homme repositionne ses lunettes sur ses joues rondes. — Nous ne pouvons garantir votre retour, en somme. — Oui, j’avais compris. Un bouton lumineux sur son bureau se met à clignoter mais il l’ignore. — Je veux y aller. Il secoue la tête. — Ce n’est pas une décision que l’on prend à la… — C’est tout décidé. Ça fait des mois que ma décision est prise. — Soit… Il se rassoit contre le dos de sa chaise. —…Vous êtes majeure et vaccinée comme dit mon neveu. Sur l’écran, il ouvre son calendrier. — Dans deux semaines ? Le premier du mois ? — Tout de suite, ce n’est pas possible ? — Tout de suite ? — Combien de temps faut-il pour passer la porte exactement ? Il semble presque excité par temps d’empressement. — Eh bien eh bien… Dix à vingt minutes. — Alors allons-y ! Je me lève et il fait de même, par mimétisme. — Je dois prévenir mon équipe. Ce n’est pas le travail d’un seul homme, vous savez. Il me regarde par-dessus ses lunettes avec un air excentrique. — Que dit-on de mon projet ? Quelles sont les rumeurs ces jours-ci ? Les bruits courraient dans les milieux underground que le professeur Buchanan, un scientifique à l’éthique contestée, avait trouvé un moyen de voyager dans un monde parallèle, et se terrait dans un endroit tenu secret. L’utilisation de Thorium était interdite depuis la Grande Explosion de 2047 mais il en utilisait et se cachait des autorités. Poussée par une envie viscérale de visiter ce nouveau monde au point d’en rêver presque toutes les nuits, il m’avait fallu cinq longs mois pour le trouver. — Pas grand-chose, si ce n’est que certains l’ont décrit comme le paradis. — Le paradis, hein ? Rien que ça ! Il appuie sur un bouton, un sourire espiègle en coin. — Dranik, dis à l’équipe de me rejoindre en salle dans cinq minutes. J’arrive avec mademoiselle Clingman. Dranik répond, d’où il se trouve: — Ils sont en pause à cette heure-ci. — Et bien trouve-les et ramène-les en salle immédiatement ! Le ton sec est justifié. J’ai ramené avec moi tout ce qui reste de mon héritage, ce qui fait un sacré pactole pour le professeur s’il me laisse passer la porte. Nous prenons un ascenseur pour descendre dans la salle souterraine, à trente-sept mètres me dit-il. Les oreilles en prennent un coup. Les portes s’ouvrent sur une vaste pièce taillée dans la roche. S’y trouvent quelques bureaux et une table des commandes digne d’un film de science-fiction. En face de nous, une porte de métal blindée. — Je voyais plutôt ça comme Alice au Pays des Merveilles, dis-je. — Drink me ! Eat me ! glousse-t-il. — Y êtes-vous déjà allé ? — Bien entendu ! — Aucune envie d’y rester ? — Quelqu'un se doit de faire tourner la machine. Tenez, mettez ce bracelet. Il me tend l’objet, que j’ajuste à mon poignet. — À quoi ça sert ? — À vous retrouver si vous vous perdez. Deux hommes en blouse nous ont rejoint et s’assoient aux bureaux de chaque côté de la porte. Le professeur se met aux commandes. — Prêts ? Activation dans 3, 2, 1… Il y a un bruit d’explosion de l’autre côté de la porte. Je jette un œil sur Buchanan. Il est tout à fait calme. Les deux autres ajustent des niveaux à toute vitesse. Leurs gestes semblent avoir été répétés des centaines de fois. Et puis, au bout d’une dizaine de minutes, la porte s’ouvre enfin dans un nuage de fumée. Je me penche, impatiente de voir ce qui se trouve de l’autre côté mais on n’y voit rien, juste une lumière blanche éblouissante. Je couvre mes yeux avec ma main, je les plisse pour voir au-delà mais rien, c’est le vide complet. Le monde parallèle n’émet aucune image, aucun son. — Qu’attendez-vous ? dit le Buchanan. — Quoi, comme ça ? Est-ce que l’on tombe ? Quelle sensation… — Vous ne sentirez absolument rien, c’est comme si vous continuez votre pas en avant dans un lieu différent. Vous pouvez y aller les yeux fermés. Je m’approche de la porte. Même à un mètre on ne distingue pas ce qui se trouve de l’autre côté. Je ferme les yeux et fais deux pas en avant. J’ai déjà un pied au dehors quand j’entends la voix de Buchanan, très loin, dire « Faites ce qu’il vous demande et vous pourrez revenir ». Un air frais et une sensation immédiate de bien-être m’enveloppent. Lorsque j’ouvre les paupières à nouveau je suis en pleine rue. Il n’y a aucune porte dans mon dos. Des buildings en verre m’entourent. L’environnement ressemble à s’y méprendre aux anciennes rues de New York ou de Chicago mais quelque chose est étrange. Je ne mets pas le doigt dessus tout de suite mais je ressens l’artifice, le synthétique. Est-ce l’air qui sent le printemps ? Le manque d’imperfections dans le bitume ? Le sillon parfait des nuages ? La présence de trottoirs mais l’absence de véhicules ? Ou le… Oh ! Il m’aura fallu un petit temps d’adaptation pour que cela me saute enfin aux yeux. Tout le monde ici porte un anneau autour du cou, un fin tube de couleur fluorescente. Jaune, rouge, vert, bleu, violet, rose ou orange… J’arrête une passante au collier rose en posant ma main sur son avant-bras. — Excusez-moi mademoiselle… Je m’interroge… Qu’est-ce que c’est que ce collier ? — Quelle question ! Vous avez un talys vous aussi. Je porte ma main à mon cou et sens le tube de verre sous mes doigts. Je baisse les yeux et note qu’il s’agit d’un collier rouge. — Mais qu’est-ce-que... Son visage s’adoucit. — Ah, vous venez juste d’arriver ? Il faut vous rendre au croisement des rues Bussy et Rabutin. Vous trouverez une petite boutique « Le 8e étage ». Demandez le docteur Himéros. Passez-lui le bonjour de la part d’Annabelle. Je pense, enfin…j’espère, qu’il se souvient de moi. Et puis elle reprend sa route. Je tente de retirer mon collier pour pouvoir le regarder de plus près mais il n’y a pas de fermoir, comme si j’avais grandi avec. Il faut que je trouve ce docteur Himéros. Je jette un œil aux alentours pour savoir où je me trouve et j’aperçois un point rouge au loin qui clignote. Il flotte à une dizaine de mètres du sol, en plein milieu de la route opposée. — Vous voyez ce truc ? Ce point rouge, là ? dis-je aux passants qui m’ignorent complètement. Je me rapproche, je veux voir de plus près si ce sont mes yeux qui me jouent des tours. Mais plus je m’approche, plus le point recule. Et puis soudain, il apparait au bout d’une autre rue. Le point me fait prendre la rue Rabutin. Je comprends alors que quelqu’un ou quelque chose me guide et un « incroyable ! » s'échappe d'entre mes lèvres. Je continue de le suivre jusqu’au croisement de la rue Bussy. Et là, comme indiqué par Annabelle, comme un tout petit bouton en plein milieu des gratte-ciels, se trouve la fameuse boutique « Le 8e étage ». Elle n’a l’air de rien, cette vieille échoppe sur ce rond-point mais me voilà comme Alice, intriguée par tant de mystère. Je m’approche et je pousse la porte. L’intérieur est immense. La pièce ne devrait pas pouvoir tenir dans cette petite boutique mais avec tout ce qui se passe d’étrange, je ne devrais pas m’étonner. De grands draps rouges ornent les murs de la pièce qui serait vide si ce n’était pour ce fauteuil de cuir majestueusement placé en son centre. — Docteur Himéros ? Le « s » reste en suspension une seconde, puis j’entends un bruit de micro que l’on allume. — Bienvenue, Lizzie. Une voix calme, chaleureuse et masculine remplie la pièce. Par réflexe je jette un œil derrière moi mais je suis toujours seule. — Vous savez qui je suis ? dis-je. — Bien sûr. Le scanner à l’entrée de ce monde me permet de savoir qui arrive. — J’ai été scannée ? — Tous ceux qui entrent le sont. Nous renvoyons les personnes susceptibles de porter atteinte au bon fonctionnement du système. — C’est-à-dire ? — Ceux qui arrivent avec un talys blanc n’apprécient pas ce monde, il est plus prudent de les renvoyer immédiatement. C’est la garantie que tous ici passent le meilleur moment possible. Tout cela semble beaucoup l’amuser car son sourire s’entend. — Pourquoi le mien est rouge ? À quoi servent ces couleurs ? — À exposer la nature de vos désirs. Les désirs ont des longueurs d’ondes différentes. Les vôtres sont rouges. — Les gens sont ici pour trouver l’amour ? Je n’en n’ai pas b… — Qui vous parle d’amour ? J’entends une fois encore dans sa voix un petit air moqueur. — Lizzie, vous savez pourquoi vous êtes ici, n’est-ce pas ? — Parce que je voulais découvrir un nouveau monde ? — Vous êtes ici parce que vous avez suivi un rêve. — J’ai suivi un rêve ? — Vous souvenez-vous d’une personne aux cheveux gris hirsutes, vous recommandant un spécialiste, il y a environ un an lorsque vous n’aviez pas le moral ? Qu’un parfait inconnu soit au courant de ça est complètement fou. — Il vous a prescrit des anxiolytiques, n’est-ce pas ? — Oui, mais comment… — Il s’agissait en réalité de rêves de synthèse. Ces rêves vous disaient de visiter notre monde, correct ? Je me laisse tomber dans le fauteuil. Est-ce que je suis en train de rêver, justement ? Tout parait réel mais cette histoire est si grotesque. Je questionne ma propre volonté de venir jusqu’ici, tous ces choix que j’ai fait depuis des mois. — Pourquoi quelqu’un voudrait contrôler mes rêves ? Me faire venir ici ? — C’est ce que vous devez découvrir… Comme je reste muette, il continue. — Je sens que votre curiosité prend déjà le dessus. Cela me ravit. Nous aimons les gens curieux ici. Il s’amuse de la situation. Dans un autre contexte, je tomberais sans doute sous le charme de cette voix mais je suis sous le choc et les questions se bousculent dans ma tête. — Qui êtes-vous ? — Vous le saurez tôt ou tard, ne soyez pas si impatiente. — Et maintenant, que suis-je sensée faire ? — Maintenant, allez découvrir ce que notre monde a à offrir. Il coupe le micro et je me retrouve dans le silence complet. Pourquoi quelqu’un voudrait absolument que je me retrouve ici ? Tout cela me rend anxieuse. Ça valait bien la peine de changer de monde… Je sors de la boutique. Lorsque je lève la tête, j’aperçois à quelques mètres au-dessus de moi un petit objet volant qui semble suivre tous mes mouvements. C’est à ce moment-là que je me rappelle du bracelet autour de mon poignet. Sûrement Buchanan qui suit mes allées et venues. Je tourne en rond. Je n’ai pas la carte de ce monde mais il semblerait qu’il ne fait que cinq blocs. Juste assez pour avoir un peu de buildings, un peu de parc, un peu de magasins, une pincée de monde quoi. Comment peut-on se perdre ici ? Je suis assise sur un banc, à regarder tous ces gens sans enfants passer à me demander pourquoi certains l’appellent le paradis quand un jeune homme au talys rouge s’assied à mes côtés. — Vous êtes nouvelle ici ? Je ne vous ai jamais vue. — Ah, donc les phrases d’accroche sont un peu les mêmes ici ! Il secoue la tête. — Je ne suis pas ici pour vous séduire. Je suis venu vous chercher. — Me chercher ? C’est Buchanan qui vous envoie ? Je ne suis pas perdue. Enfin, je ne crois pas... — Non, ce n’est pas Buchanan. Vous êtes attendue dans la Tour Noire, dit-il en la pointant du doigt. — Que ce passe-t-il dans la Tour Noire ? — On m’a juste dit de venir vous chercher. Vous me suivez ? Ce n’est pas comme si j’avais autre chose à faire. Je me lève et le suis. Sur le chemin, je lui demande de quoi ses journées sont faites. Il me répond qu’il n’apparait dans ce monde que lorsque le Maestro a besoin de ses services. Une image me revient alors en tête. Une image rêvée, sans doute. Un homme passe en revue plusieurs femmes. Je ne vois que des corps, aucun visage. Chaque femme est vêtue de dessous de la même couleur que leur talys. Pour une raison que j’ignore, mon corps semble aimer cette image. Plus j’avance vers cette Tour et plus les flashbacks inondent mon esprit. L’homme effleurait le tissu de mon balconnet. Le souvenir est si fort que j’en ressens une sensation presque semblable à celle du toucher. Le petit objet volant s’arrête à la porte d’entrée. Nous entrons dans la Tour Noire et une fois dans l’ascenseur l’homme me demande si je vais bien. — N’ayez pas peur. Rien de grave ne vous arrivera. Il a beau vouloir me rassurer, ses paroles ont l’effet inverse. Donc il va m’arriver quelque chose, juste rien de grave. Une fois arrivés à notre étage, les portes de l’ascenseur s’ouvrent et il me fait signe de sortir. Il reste dans l’ascenseur et j’ai à peine le temps de dire « Vous ne venez pas ? » que les portes se referment. Je me retrouve dans un hall aux couleurs sombres, illuminé par des dizaines de petits plafonniers, face à une porte démesurée en acajou. Je m’en approche et le trac fait son apparition. Je prends une grande inspiration. Je m’apprête à frapper à la porte lorsqu’une voix d’homme sort des murs. « Entrez. » La porte s’ouvre d’elle-même, lentement. Mes yeux découvrent une grande pièce aux murs, sols et meubles noirs. Au fond de la salle, un homme en costume 3 pièces bleu-nuit est assis dans un fauteuil. Ses bras reposent sur les accoudoirs, ses jambes sont confortablement écartées. Un masque aux courbes simples recouvre le haut de son visage. — Approchez, m’invite-t-il. J’avance d’un pas assuré, même si je ne le suis guère. Une fois à deux mètres de lui, il se redresse et fait un pas en avant vers moi. Mes yeux se posent sur ses pommettes saillantes, son menton lisse, cette bouche à la lèvre inférieure pincée. Son parfum éveille mes sens. Est-ce que le souvenir olfactif d’un rêve existe ? — J’ai l’impression de vous connaître, dis-je. Est-ce le cas ? — En quelque sorte. — Docteur Himéros ? Il étouffe un rire. Ce monde est trop mystérieux, ils vont tous me rendre dingue. — Ne soyez pas nerveuse. Tout va bien se passer. — Qui êtes-vous ? Que me voulez-vous ? Il passe la main sur mon talys. Se faisant, il effleure ma clavicule du bout des doigts et envoie un frisson le long de ma colonne. Ses yeux intenses derrière le masque reviennent se poser sur les miens. — Déshabillez-vous, dit-il dans le plus grand calme. — Pardon ? Il retourne s’assoir en face de moi. Je ne suis pas du genre à recevoir des ordres de qui que ce soit, et pourtant, sa façon de me parler fait naitre une chaleur entre mes cuisses et l’intention de lui obéir est bien là. Une fois posé, il me fixe à nouveau, attendant patiemment que je m’exécute. C’est ridicule. Me déshabiller comme ça ? Pour un inconnu ? À l’appréhension vient vite se mêler le désir. La curiosité l’emporte. Je ne suis pas dans un monde différent pour agir de la même façon qu’avant. Je déboutonne mon chemisier puis découvre mes épaules dans un geste lent et malhabile. Le tissu qui frotte en passant sur ma peau est le seul bruit dans la pièce. Je laisse tomber le chemisier au sol. Son immobilité et son silence m’impressionnent. Mon cœur s’emballe. Je dégrafe l’arrière de ma jupe et la fais glisser le long de mes jambes. Il suit mes mouvements des yeux et c’est lorsque je me relève complètement qu’il me regarde de haut en bas, lentement, savourant chacune des courbes de mon corps. Il se lève, approche, puis agrippe ma mâchoire d’une main ferme. Il s’avance si près qu’un baiser semble inévitable. Mais il n’en fait rien. Le regard planté dans le mien, il me laisse en suspens quelques secondes, le temps que son souffle chaud sur mes lèvres fasse dégouliner mon corps d’envies obscènes entre mes jambes. Entendant sans doute l’envie dans ma respiration haletante, ses yeux se plissent. Il donne un coup de langue trivial sur ma bouche entre-ouverte. La chaleur moite de ce corps étranger contre mon visage finit de me mettre en feu. Mon ventre se tord sous l’envie d’une invasion profonde. Le visage toujours pris en tenaille entre ses doigts, ma respiration devient affamée. J’aimerais que cette bouche descende sur mon corps, que cette langue vienne s’introduire entre mes cuisses. Il lâche mon visage et retourne s’assoir. — Revenez demain. — Vous… me laissez comme ça ? — Comme quoi ? — Comment ça comme quoi ? — Y’a-t-il un problème ? Mes sourcils se redressent. Son air serein me ferait douter de tout ce qui vient de se passer. L’ai-je rêvé ça aussi ? — Seriez-vous excitée, mademoiselle Clingman ? dit-il étonné. Je n’ai jamais eu à dire tout haut ce que je ressentais lorsque cela paraissait évident. J’acquiesce d’un hochement de tête, un peu gênée tout de même de mes soudaines chaleurs. — Cela m’étonne beaucoup et je vais vous dire pourquoi. Il s’approche à nouveau et caresse le talys autour de mon cou. — Cet anneau, voyez-vous, contient tous vos désirs. Vous ne devriez pas ressentir d’excitation. — Vous ne me croyez pas ? Sa voix, son parfum, ses gestes délicats m’enivrent plus que de raison. Ne le voit-il pas ? Il passe sa langue rapidement sur sa lèvre inférieure, peut-être inconsciemment. Sa bouche, maintenant luisante, me tente encore plus. — Retirez votre culotte et donnez-la moi. J’ai beau être dans un monde différent, il me reste toujours de la pudeur… Je fais non de la tête. Il tend la main. — Retirez-la tout de suite et donnez-la moi. — Sinon ? Il prend mon bras et me tire à lui. Nos lèvres sont à nouveau à un fil l’une de l’autre. La surprise de sa main contre mon sexe me fait ouvrir grand la bouche. Il reprend, en parlant encore plus doucement, comme si nous n’étions pas seuls dans la pièce. — Ne faites pas de manières. Son regard devient noir. Plus il me sermonne, plus il m’excite. Il m’agrippe fermement. — Il y a deux ou trois choses que je pourrais mettre dans votre ravissante bouche pour calmer cette insolence. S’il pense me dissuader, il se trompe. Mes envies passent à travers le tissu à présent et il ne fait aucun doute qu’il puisse le ressentir du bout des doigts. — Il va falloir revoir votre attitude, dit-il. Il reprend ses distances. — Retournez voir le docteur Himéros. Il tourne les talons et disparait par une autre porte au bout de la pièce. Le goujat me laisse en plan avec une envie monumentale. Ce monde est too much pour moi… Je me rhabille, redescend, sors du building et suis le point rouge jusqu’à l’intersection Bussy et Rabutin avec la ferme intention de retourner dans le monde d’où je viens. Je rentre à nouveau dans la boutique, la surprise en moins. — Docteur Himéros ? Le micro s’allume et la chaude voix réapparait. — Lizzie. — Je souhaite retourner dans mon monde. — Allons, vous venez à peine d’arriver. — Et bien justement ! Je viens à peine d’arriver et je me suis déjà retrouvée à demi-nue devant un parfait inconnu. — À ce propos, laissez-moi recalibrer votre talys. — Parlons-en tiens, il paraitrait que… — Ne bougez pas. — Vous faites-ça maintenant, là, comme ça ? — Oui, restez immobile. Je ne bouge plus. — Il paraitrait que je ne devrais pas ressentir de désir ? Un monde sans désir, quelle idée ! Je l’entends rire de bon cœur. — Dites-moi qui il est. Que me veut-il ? Si vous ne répondez pas, je pars. — C’est à lui de révéler son identité. Sachez juste qu’il a créé ce monde. — C’est Buchanan qui a créé ce monde. — Non, le professeur Buchanan a trouvé le moyen d’y entrer, mais il ne l’a pas conçu. — Vous savez, vous avez un peu la même voix que lui. — Ne dites pas de sottise. Fini. Il devrait marcher à présent. — Comment s’appelle-t-il ? — Le maitre du jeu ? Nous l’appelons Maestro, mais vous le saviez déjà. Une image de l’homme au masque arrive comme un éclair dans mon esprit. Il est au-dessus de moi, nu, en train de me pénétrer avec une rage presque animale. L’environnement est blanc, limite aveuglant. Cette image dure quelques secondes, juste assez pour me donner quelques sensations, l’envie de rester, de me faire toucher, pénétrer… — Je crois que le talys ne fonctionne toujours pas, dis-je. — Vous avez eu une image mentale ? Rien d’alarmant. Sait-il seulement que l’image en question m’excite ? —Vous pouvez partir à tout moment mais il serait dommage de renoncer à ce qui vous attend, croyez-moi. Retournez voir Maestro. L’image revient. Sa bouche est grande ouverte, j’entends ses râles, je ressens ses mouvements dans mon corps… S’en est trop. Je retourne à la Tour Noire. Le petit objet volant me suit à nouveau. Quel monde étrange… — Vous allez devoir vous expliquer quand je reviens, Buchanan ! dis-je en espérant qu’un micro se trouve accroché à l’engin. J’arrive à la Tour et il s’arrête une nouvelle fois devant la porte comme un bon petit toutou. Je prends l’ascenseur et appuie sur le bouton « 8 » comme le jeune homme l’avait fait plus tôt. Je ne sais pas à quoi ce maitre du jeu joue, mais je ne repartirai pas d’ici sans une explication cette fois-ci. Les portes s’ouvrent sur la porte en acajou. Je ne frappe pas, j’entre directement. Et il se trouve là, assis sur ce même fauteuil, dans la même position, avec le même masque. — Vous restez comme ça tout le temps ou vous saviez que j’allais revenir ? — Une intuition. J’approche et m’arrête à deux mètres de lui. Il se redresse. — Je ne me déshabillerai pas ce coup-ci, je tiens à vous le dire tout de suite, cher Maitre du Jeu. Il ne relève pas mon sarcasme. — Ne dites rien avant d’avoir visité la pièce de résistance… D’une main dans mon dos, il m’invite à le suivre. Sa voix me calme si facilement. Il m’envoute dès qu’il ouvre la bouche. Je le suis volontiers dans une autre pièce. Nous passons une porte et nous retrouvons dans une pièce toute aussi grande, d’un blanc lumineux, comme si nous passions de la nuit au jour. Là, se tiennent en rang six femmes en petite tenue, portant toutes des talys de couleurs différentes. Elles sourient, plus jolies les unes que les autres. Il m’invite à me placer à côté de la femme au talys bleu puis il se met en face de nous. Être toute habillée alors qu’elles sont à demi-nues me donnerait presque envie d’en faire autant pour ne pas dénoter. Derrière nous se trouve une cabine de forme oblongue d’environ deux mètres de haut sur quatre mètres de long. Une porte ronde à manivelle verrouille chacune des extrémités. — Qu’est-ce que c’est que ce truc ? dis-je. Les femmes étouffent des rires. — Vous le saurez bien assez tôt, dit-il. Tous ces rires m’intriguent. Maintenant peu importe ce qui se passe, je veux savoir à quoi ce machin peut bien servir. Il va à la rencontre de la première jeune femme de la file. Elle le regarde droit dans les yeux, comme pour chercher à le séduire, sans un mot. Puis il passe à la seconde. Elle fait de même. Lui, derrière son masque regarde leur cou avec intérêt. Il les passe en revue et arrive enfin à moi. Ses yeux descendent sur mon corps. Comme si la nudité était la norme, mes habits me semblent indécents. Il insiste du regard, je le sens, pour que je me plie à la coutume mais je ne veux pas revenir sur mes paroles. Il passe ses doigts sur le talys. — Vous disiez que vous ne vous déshabilleriez pas, dit-il. Mais laisseriez-vous quelqu’un le faire à votre place ? Sa voix tourne dans ma tête comme une incantation. Sa main frôle ma peau encore une fois. Je sens la chaleur sous ses doigts. J’aimerais qu’il déboutonne lui-même mon chemisier sans avoir à lui demander. — Tamara, dit-il en lui faisant signe de la tête de venir jusqu’à moi. La jeune femme au talys bleu approche dans un mouvement gracieux, un sourire bienveillant aux lèvres mais le regard plein de malice. Elle décroche le premier bouton et je sens monter une bouffée de chaleur entre mes cuisses. Elle est délicate, disposée à méticuleusement me déshabiller. Mes yeux descendent sur sa poitrine. La chair de poule se voit sur le discret galbe de ses seins. Puis elle fait descendre le chemisier le long de mes bras, se rapprochant dans le même geste pour s’assurer de le faire glisser jusqu’en bas. Tamara sent le jasmin. Elle se met à rire lorsque le chemisier reste un instant coincé à mes poignets. Elle baisse la fermeture éclair de ma jupe dans mon dos puis s’accroupit devant moi, l’agrippe à mes hanches et la fait descendre doucement, observant ce qu’elle découvre petit à petit. J’en tremble d’excitation. Ses yeux remontent jusqu’aux miens, elle me sourit puis se relève et retourne se placer parmi les autres. Voilà que je me retrouve en petite tenue. Je réalise que le rouge de mes dessous complète la collection de couleurs. — Une femme pour chaque jour de la semaine ? dis-je moqueuse. Le sourire du Maestro me fait dire que je ne suis pas tombée bien loin de la vérité. Il approche de moi à nouveau et pose sa main derrière mon bras. — Voudriez-vous me suivre à présent, dans le Commistrium ? L’envie d’en savoir plus crée une douleur exquise au creux de mon ventre. Je le suis sans tergiverser. Il déverrouille une des portes en faisant un tour complet de manivelle. Il tire la porte vers lui et un bruit d’eau qui ruisselle sort de l’engin. L’intérieur est cylindrique, tout aussi lumineux que la pièce. Les parois sont lisses. Un fin ruisseau d’eau claire coule au sol. — Après vous, dit-il. Je me hisse à l’intérieur. Il fait de même. La femme en rose ferme la porte derrière nous. Le son provenant de l’extérieur est étouffé une fois la pièce fermée. Des vannes d’airs frais s’ouvrent immédiatement et de la musique classique sort d’on ne sait où. — J’espère que vous avez confiance en elles, dis-je. — Elles aiment bien assez ma présence pour qu’il ne m’arrive rien. Il retire sa veste, tape deux fois sur la paroi. Une accroche en métal en sort et il pend sa veste dessus. — Couchez-vous sur le dos, dit-il. J’hésite un instant à me retrouver dans l’eau, mais par bonheur celle-ci est aussi chaude que la sensation entre mes cuisses. Je me retrouve seule avec un parfait inconnu, dans ce lieu clôt. Le désir monte d’un seul coup. Il y a à peine dix minutes je voulais rentrer chez moi maintenant j’aimerais que ce soit lui qui rentre chez moi. Il défait sa chemise, la retire, se retrouve torse nu face à moi et c’est seulement à ce moment-là que je prends conscience de ce qui se passe. Je suis au dernier niveau du jeu. — Allongez-vous complètement au sol, dit-il. Je m’allonge complètement. Le talys dans mon cou se retrouve dans l’eau et en l’espace de quelques secondes, ce que je pensais être du verre se dissout au point qu’il est maintenant possible de le retirer de mon cou. Le liquide rouge se mélange à l’eau. — L’ai-je cassé ? Il n’a pas le temps de répondre avant qu’un désir viscéral me submerge complètement. J’ai subitement envie de doigts, de queue, d’éjaculation, de seins, de bouche, de langue, de peau, d’odeurs, de cris, de morsures, de servitude, d’envahissement. Tout à la fois, comme s’il en allait de ma survie. — Oh… Prenez-moi, dis-je en me relevant et en posant ma tête contre son entrejambe. Je sens son érection contre ma joue, sous le pantalon et ma respiration accélère, je manque presque de souffle. Tous mes désirs font surface en même temps et descendent jusque dans ma culotte dans un torrent de sensations qui me mettent au bord de l’orgasme. Je me jette sur sa fermeture éclair. Je la descends si vite qu’il n’a pas le temps de me repousser. J’extirpe la queue de son caleçon et la mets dans ma bouche sans lui laisser le temps de me dire non. Je sais pourquoi nous sommes là, pourquoi il m’a amenée ici, il ne m’en tiendra pas rigueur. Je suce son appendice comme s’il s’agissait de la dernière en circulation. L’excitation est si grande que je pourrais le dévorer si je n’avais pas si envie de sentir ce gland tout en relief, au fond de moi. J’entends quelques râles satisfaits qui me rendent encore plus folle. L’envie d’une délivrance est si intense que mon corps se met à onduler comme pour en finir. Je mets une main entre mes cuisses et il m’arrête en attrapant mon poignet. — Remettez-vous sur le dos, dit-il. Je m’exécute sur le champ. Il s’approche, attrape l’élastique de ma culotte, la tire le long de mes jambes et s’en débarrasse derrière lui. Je n’attends pas qu’il décroche mon soutien-gorge, je le fais moi-même, trop impatiente de subir ses assauts. — Ecartez les jambes. Il n’a pas besoin de me le dire deux fois. Ma pudeur is out the window. Il tape deux fois sur chacune des parois. De petites trappes s’ouvrent et il déploie deux espèces d’étriers sur lesquels il fixe mes jambes. Il ne cache pas son sourire en me voyant de la sorte. Lui offrir cette vue m’excite plus que de raison. Il fait de même pour mes bras en les accrochant à des attaches métalliques qu’il extirpe elles aussi des parois. — Vous n’avez pas besoin de m’attacher… Je suis à vous, complètement à vous… Venez me remplir… Il retire son pantalon, tout le reste, se retrouve enfin complètement nu lui aussi. Mon sexe ruisselle, crie son envie de se faire transpercer. Il frappe à la porte, qui s’ouvre à nouveau. Il pointe quelque chose du doigt. C’est alors que Tamara entre dans le Commistrium. Elle me regarde, le sexe déjà offert après seulement quelques minutes à l’intérieur de la capsule. La porte se referme. Elle vient d’elle-même se placer entre mes jambes. Mon corps réagit comme s’il en avait envie. En ai-je envie ? Elle défait son soutien-gorge et ses petits seins apparaissent. Elle se penche sur moi et m’embrasse. Sa langue, ses lèvres sont si douces… Elle frotte sa poitrine lascivement contre la mienne. Mes sens durcissent. Ses mains se perdent dans mes cheveux. Elle se met à gémir et son plaisir rajoute à la pile de mes désirs. J’ouvre les yeux et je vois que Maestro a pris Tamara par derrière alors que ses lèvres sont toujours sur les miennes. L’image est tellement salace que je suis tout au bord. Les doigts de Tamara viennent fouiller mon intimité avec délicatesse. Il claque sa fesse et elle gémit à nouveau. Elle prend alors de l’eau dans sa main et la porte sur son talys, qui fond en quelques secondes. Le liquide bleu en sort, tombant en gouttelettes sur mon ventre. Elle lève les yeux au ciel, sous l’emprise de ses propres démons et elle se met à gesticuler sur le corps de Maestro pour chercher son bonheur. Elle gémit plus fort, puis descend sur mon corps pour se retrouver la tête entre mes jambes. Là, elle me mange comme si j’allais disparaitre du menu la minute qui suit. Sa langue est affamée, la sensation est divine. J’ondule comme je peux sur sa bouche avide. Mon plaisir est proche. Mais Tamara s’arrête subitement. Elle décroche mes jambes des étriers et vient se coucher sur moi, frotter son pubis contre le mien. J’aimerais participer mais de toute façon je pense que je viendrais bien trop vite. Il la reprend par derrière et maintenant je ressens chacun des coups de reins par intermédiaire. Elle ne se préoccupe plus de moi. Elle remue les hanches comme elle peut, ses seins s’agitent à chacun de ses mouvements et puis soudain, ses yeux se ferment, sa bouche s’ouvre en grand mais plus aucun son n’en sort. Elle remue plus rapidement sur moi, lui en elle, et puis elle se met à gueuler, à expirer. La voir jouir me ferait presque venir. Si seulement j’avais l’usage de mes mains… Elle revient à elle et se relève, comme si sa tâche était accomplie. Tamara sort du Commistrium, laissant mon plaisir inassouvi. — Je ne savais pas que vous aimiez les femmes, dit-il. — Moi non plus, pour tout vous dire… Il s’approche, s’agenouille, la queue toujours gorgée de désir, écarte mes jambes d'une main et introduit un doigt dans mon sexe de façon doctorale. — Je suis très demandeur, dit-il. Et très joueur. — J’avais remarqué. Son petit doigt s’approche sérieusement de mon autre trou. — J’aime l’idée de posséder, dans tous les sens du terme, l’objet de mes désirs. Il tape deux fois sur la paroi et sort un petit objet de forme phallique au bout d’une chainette. Il en lèche le bout et me le pousse doucement dans l’anus. Il m’ôte un cri de plaisir. — Je ne pensais pas, continue-t-il, que vous seriez si… — Oooh oui… — … Si rapide à vous soumettre, si facile à vous ouvrir. — Donnez-moi votre queue, par pitié… Il remue l’objet en moi. Il va me rendre complètement dingue. — Que désirez-vous, dis-je n’y tenant plus, faites de mon corps ce que vous voulez ! Dites-le moi ! Dites-le moi ! — Pour tout vous dire… — Oui… Il s’arrête dans son élan. Il voit le désir au fond de mes yeux et il semble ravi. — … J’aimerais que vous me supplier de vous prendre. C’est tout ? Était-ce si dur à dire ? N’est-ce pas ce que je suis en train de faire ? — Baisez-moi, je vous en supplie ! Il secoue la tête. — Non, voyez, j’aimerais beaucoup que vous le fassiez en criant mon nom. — Baisez-moi, Maestro, baisez-moi ! — Maestro n’est pas mon nom. — Donnez-le moi alors et je vous supplierai comme il se doit ! Il agrippe mes hanches et me ramène à lui. Son gland se trouve à l’entrée de mon sexe. Il ne semble pas résolu à me le donner alors je me rapproche tant bien que mal. Le bout rentre à moitié, savoir qu’il est juste là, à quelques centimètres de me faire jouir me fait bouillir. — Vous êtes impatiente. — J’ai déjà bien attendu. Je veux vous sentir en moi. Inondez-moi ! Il entre un petit peu plus en moi et ressort, jouant avec mes nerfs, rentrant à nouveau la seconde qui suit, ne ratant aucune réaction de frustrations et de plaisir sur mon visage. Et puis, d’un seul mouvement, il me pénètre jusqu’à la garde et je laisse échapper un cri. Le sentir enfin me remplir, épouser mon sexe, voir le plaisir qu’il y prend relance ma folie furieuse. Il prend son temps, allant et venant dans mon corps lascivement. — Plus fort… dis-je. Il n’en fait rien, il continue de remuer mollement en moi, le sourire aux lèvres. — Je vous en supplie… Qui que vous soyez, baisez-moi ! Il se couche sur moi, et, sans me quitter des yeux, retire son masque. Il me faut quelques secondes pour me rendre compte de qui se trouve en face de moi. Il a changé, il a grandi, mais les traits me sont familiers. J’ai du mal à comprendre ce qui se passe, comment c’est possible, comment il peut se retrouver ici… Ça doit faire vingt ans à présent…. Son sourire s’élargit. C’est bien lui, l’adolescent fils à papa que je gardais il y a tant d’années, que j’avais surpris en train de se masturber sur une photo de moi prise à mon bal de promo. Une fois majeur, il m’avait demandé de sortir avec lui devant mes amies, j’avais ris, j’avais répondu « Jamais de la vie ». Comment n'ai-je pas compris tout de suite en entendant le terme de « Maitre du jeu », « Maestro »? Ce jeu de rôle qui l’obsédait. Il est entre mes jambes. Il remue... Si bien... Voyant la surprise dans mes yeux, il accélère, il me donne de plus gros coups de reins. Il bute au fond de moi et mon désir monte. Des mois, peut-être même des années qu’il met tout ça en place. Il s’affaire dans mon corps, les yeux pleins de vices et de satisfaction. Sa folie m’excite. Mon sexe se resserre sur lui, l’aspire à chacun de ses va-et-vient. Il est au bord lui aussi. Je n’arrive pas à croire à ce qui est en train de se passer. Le regard de cet homme frustré m’excite tellement… Je sens la chaleur me monter aux joues. Je ne peux retenir quelques gémissements qui, j’en suis sûre, l’enchantent. Il s’arrête net et se retire. — Non ! dis-je. — Suppliez-moi, Lizzie. — Prends ta revanche, Greg ! Viens me baiser, par pitié, viens… Il est satisfait de ma réponse. Elle est authentique. J’ai l’envie soudaine de boucler la boucle, qu’il crache toute sa frustration en moi, qu’il prenne un pied monstrueux, que je lui serve d’exutoire. Il secoue la tête, comme surpris par autant de docilité. Il se rapproche et me pénètre à nouveau de tout son long, dans un râle venu de loin. Il s’active à nouveau et je le regarde faire. Son visage se déforme sous le plaisir. Il est déjà prêt de la fin et moi aussi. — Oh Greg… Tu vas me faire venir… Je le sens fébrile, il donne des coups incontrôlés dans mon corps dans un cri animal. L'imaginer en train d'éjaculer en moi m’anime. Mon corps glisse et recule à chacun de ses élans. Il me donne une dernière décharge en remuant en moi encore plus furieusement. Puis il revient à lui et me regarde plein d’orgueil, comme s’il venait de me souiller, comme pour me dire que j’avais tort, que d'avoir créée ce monde était enfin justifié. Je ne sais pas si j’avais tort mais à ce moment précis j’ai vraiment envie qu’il me fasse jouir. Alors qu’il a déjà ralenti au-dessus de moi, je me frotte comme je peux contre lui. Son arrogance est visible. Il ne compte rien faire pour que j’en finisse. Il préfère me regarder batailler pour chercher mon orgasme. Ces micros-mouvements m’envoient finalement dans le précipice. Il n’en loupe pas une miette, il m’observe venir avec un sourire suffisant. J’ai tout le poids de son corps sur moi et je suis en train de me faire venir, dans des spasmes divins. Il tire sur la chainette et ressort l’objet de mon trou au même moment où mon sexe se contracte autour de sa queue. Mes pieds se cambrent, tout devient duveteux dans ma tête et j’expire comme si je prenais mon dernier souffle. L’adolescent se sera finalement tapé sa baby-sitter... Une vraie fin de conte de fée! — Je vais vous garder ici quelques temps je crois, dit-il en se relevant. — C’est-à-dire ? — Attachée, comme ça, disponible pour tous mes moindres caprices. Son regard devient noir. « Faites ce qu’il vous demande et vous pourrez revenir. » disait Buchanan. Et bien... Ai-je bien envie de repartir après des promesses pareilles ? © Tous droits réservés - Charlie M.P. - 01/08/2021 |