Vous ne connaissez pas vraiment le goût du sable tant que vous n’avez pas passé deux jours complets la tête à la hauteur d’une gerbille du désert. Pas d’ombre à l’horizon. Du sable à perte de vue. « Mais si, c’est faisable ». Fameux derniers mots. Mon entêtement me tuera pour de vrai cette fois. Si je n’avais pas opté pour une djellaba, mon corps serait brûlé au 3e degré. Ma tête est couverte d’une pauvre écharpe en lin pour retarder l’inévitable. Je viens de finir la dernière gorgée de ma gourde, elle ne m’a même pas soulagée tellement l’eau était chaude.
Si j’avais écouté tous les conseils que l’on m’a donnés, je serais en train d’acheter des souvenirs inutiles à ramener pour untel. Ouais, je me vois bien. Mais là j’attends sur le ventre que la mort vienne me chercher. C’est étrange à quoi l’on pense avant de mourir... Le dernier message envoyé aux proches, celui qu’ils garderont précieusement bien qu’extrêmement banal. Les trucs intimes dans la table que chevet sur lesquels tomberont ceux qui videront l’appartement. La corbeille de linge sale dont quelqu’un d’autre se chargera à ma place. Qui finira le rosé dans mon frigo ? La conversation que l’on pensait un jour avoir avec un vieux crush à la réunion du bahut. Ce dernier rapport sexuel vraiment pas terrible. Ce collègue que l’on aurait pu se taper finalement et qui – au moment où l’on se dessèche – a sûrement ses petites fesses au frais, à profiter de la clim de la cafétaria. Toutes ces économies que l’on aurait pu claquer dans un voyage à Bora Bora. Et puis la revanche sur son ex que l’on ne prendra jamais. Et quelle sera notre toute dernière pensée ? Je me sens partir de la même façon que lorsque le sommeil vient me chercher. … J’ouvre les paupières difficilement. Je me retrouve en robe de coton bleu, allongée sur de grands oreillers à même le sol. Je suis seule sous une tente immense, pleine de tapis et des étoffes de toutes les couleurs sur les sols et le long des pans. À ma droite, un plateau de service à thé, à ma gauche, l’ouverture de la tente sur une dune de sable. Mes lèvres ne sont plus gercées, je n’ai pas soif, je ne suis pas morte. Combien de temps s’est écoulé depuis que l’on m’a trouvée et ramenée ici ? Le concierge de l’hôtel a dû lancer des gens à ma recherche car il était le seul à savoir où je comptais me rendre. J’ai tourné pendant des heures, pas étonnant qu’ils aient mis des jours à me localiser. Je me relève pour m’assoir et ma tête se met à tourner. Pas encore tout à fait remise, je me sers un thé. Quelqu’un est passé le déposer à mes côtés récemment car il est encore brûlant. Je reste là, à apprécier son amertume quelques minutes et prendre conscience de ma bonne fortune. Quand je ne suis plus dans brouillard, je me lève doucement et passe la tête au dehors. Pas un chameau. Le soleil tape fort et l’idée de me retrouver à nouveau sur le sable me tente guère, je retourne donc m’allonger à l’intérieur en attendant que mes sauveurs reviennent. Ma djellaba a été nettoyée et laissée à sécher sur un cintre. Mes bras sentent bon la fleur d’oranger. La robe bleue sur mes épaules n’est pas faite pour la traversée du désert, c’est une robe allant jusqu’aux pied, à l’encolure réservé et aux manches longues. On m’a hydratée, lavée, habillée avec soin. Les heures passent. Encore épuisée par mes aventures, je sombre dans le soleil aussitôt que le soleil se couche à l’horizon. ... L’ébrouement d’un cheval me réveille. Il fait encore nuit. Des bruits de pas sur le sable approchent et un homme vêtu d’un habit sombre se penche et entre dans la tente. Il porte un turban qui lui couvre tout le visage. Seuls ses yeux et ses mains sont découverts. Il apporte avec lui un sac et deux petites lanternes qu’il pose entre nous lorsqu’il s’assoie. Ses yeux, sous cette lumière discrète, sont incroyables. Ils sont clairs, perçants. Le blanc de l’œil contraste avec la couleur foncée de sa peau. Il y a quelque chose de rassurant dans ce regard mais aussi une sorte de noblesse froide. — Merci, dis-je. Choukrane. — Je suis content de vous voir éveillée. Il parle avec un léger accent. Mais comme mon arabe s’arrêtait plus ou moins là, ça m’arrange. — Et moi donc ! Je n’ai pas les mots pour vous remercier. Il ouvre son sac, dedans se trouvent toute sorte de vivres. Des noix, des dattes, des figues sèches. J’ai envie de me jeter dessus mais la politesse me retient. — Prenez ce que vous voulez. — Vraiment ? J’essaye de ne pas faire l’affamée en en prenant qu’un petit peu à la fois, mais la fréquence à laquelle je plonge ma main dans son sac trahit ma faim. — Comment m’avez-vous retrouvée ? — Je ne vous cherchais pas. — Oh. — Vous étiez sur mon chemin. J'attendais que vous repreniez des forces ici pour vous ramener à cheval. Ses yeux brillent sous la lumière. Je m’imagine un homme aux traits fins sous ce turban. Ses manières, sa façon de se tenir le rendent élégant. — Que faites-vous dans le désert ? Pourquoi voyagez-vous seul ? dis-je. — Je pourrais vous demander la même chose. Ses yeux se plissent et je devine un sourire. Il veut garder un peu de mystère, soit. J’attrape une datte et pose la question qui me trotte en tête depuis qu’il a passé l’entrée. — Est-ce que c’est vous qui m’avez… Je finis ma question en montrant la robe. — Oui. Son oui est si définitif que je n’ose pas poser ma question subsidiaire. Voyant mon embarras, il poursuit pour moi. — J’ai été respectueux, assure-t-il. Je vous ai portée jusqu’à la source et j’ai utilisé un tissu pour votre toilette. J’incline la tête pour le remercier. Cet homme dont je ne vois rien m’a vue nue toute entière. Mais son regard franc me donne envie de croire à son honnêteté. — Nous devrions dormir, dit-il. Puisque vous allez mieux je vous ramènerai à la ville la plus proche demain. La route sera longue. — Quelques heures ? — Il faudra s’arrêter au moins une fois pour dormir. — J’étais si loin que ça… Combien de temps ai-je dormi ? — Ce soir sera la troisième nuit que vous passez ici. Il se lève, retourne dehors chercher quelque chose puis revient avec des couvertures. Deux jours à dormir, à revenir de chez les morts. Deux jours qu’il s’occupe de moi. — La source dont vous parliez, dis-je, elle est loin ? — Vous n’êtes pas sortie du tout ? Elle est juste derrière notre tente. — Oh. Je vais y faire un tour alors…Histoire de me raffraichir un peu, je ne serai pas longue Il me tend un savon. Je passe avec une lanterne devant le cheval qui reste immobile en me voyant. Je ne me rendais pas compte du froid qu’il faisait dehors, la tente ayant conservé un peu de la chaleur du jour. Je ne reste effectivement pas longtemps à la source. Juste assez pour passer à quelques endroits où je doute qu’il soit allé. Lorsque je reviens dans la tente, il dort couché, face à l’entrée. J’entre sur la pointe des pieds et me glisse sous la couverture derrière lui. — La nuit va être froide, dit-il. Couvrez-vous au maximum. Nous partons tôt. Je souffle sur la bougie et nous voilà dans le noir. Il n’y a pas un bruit, au point que j’entends le sable bouger sous mon corps à chaque petit mouvement. Combien de fois a-t-il dû sauver des têtes de mules comme moi qui veulent voir le désert et qui finissent par s’y perdre ? Je ne trouve pas le sommeil facilement. Comment ai-je atterri à deux jours de la ville ? Est-ce qu’on m’a déplacée ? Il se tourne dans ma direction. Je ne le vois pas mais j’entends sa respiration. Je ne saurais pas dire s’il dort ou non mais je n’ose pas bouger. — Je vous entends penser, dit-il. — Désolée… J’ai tellement de questions… — J’y répondrai demain. Dormez. ... — Levez-vous. J’ai l’impression d’avoir fermé les yeux il y a deux secondes. Il fait encore nuit. Il me tend une tasse de thé à la lumière d’une bougie. Il semble s’être levé depuis un moment. Il n’a pas les yeux bouffis par le manque de sommeil qu’il voit sûrement sur mon visage. — Je devrais remettre ma djellaba, dis-je. — Ou vous pourriez l’utilisée pour couvrir votre visage. Le vent s’est levé. La nuit a été si courte, et le bruit du vent est si reposant que j’ai du mal à me mettre en route. Il m’observe, assis à côté de moi, en sirotant son thé. — Vous parlez en dormant, dit-il. — On me l’a déjà dit. J’espère que je ne vous ai pas réveillé. — J’étais déjà debout. — Je disais des choses intéressantes ? — Disons que vous avez fait un rêve très agréable. Ses yeux se plissent. Un souvenir cotonneux de ma nuit me revient. J’étais dans une baignoire, un homme sans visage sorti de nulle part s’avançait et plongeait la main dans l’eau du bain pour me donner du plaisir avec sa main. Je me sens rougir. Je n’ai jamais su à quel point ce que je marmonne en dormant est révélateur. — Ne soyez pas gênée, dit-il. On ne contrôle pas ses rêves. Est-ce que j’ai dit quelque chose d’intelligible ou n’ai-je fait que gémir ? Je ne sais pas ce qui est le moins embarrassant. Je me lève pour mettre un terme à cette conversation. Je récupère ma djellaba et mon sac. — Je vais remplir ma gourde. Il me regarde sortir de la tente. Et cet infime petit moment me fait prendre conscience de tout ce qui vient de se passer. Que j’ai frôlé la mort, qu’il m’a aidée, qu’il m’aide encore. L’eau s’est rafraichie pendant la nuit. Le sable virevolte gentiment autour de moi. Et dire que j’ai pensé mourir et que je suis là, à sentir les grains de sable s’écraser contre ma peau. J’aurai voulu être là pour voir ce qu’il s’est passé lorsqu’il m’a trouvée. A-t-il été surpris, affolé, délicat ? Qu’a-t-il pensé en voyant mon visage ? Comment m’a-t-il ramené jusqu’ici ? M’a-t-il mise sur son cheval comme un vulgaire sac ou m’a-t-il assise et serrée contre lui ? M’a-t-il portée à bout de bras ? M’a-t-il regardé lorsque je prenais du plaisir cette nuit ? A-t-il aimé ce qu’il a vu ? Je m’apprête à l’aider à replier la tente mais lui m’attend sur son cheval, prêt à partir. — Vous la laissez ici ? dis-je. — Oui, celle-ci reste ici. Montez. Il me tend la main. J’enroule ma djellaba autour de mon cou et il me hisse derrière lui. Il donne un coup de talon dans le flanc du cheval et nous voilà partis. — Est-ce que je peux vous tenir ? dis-je. Dans d’autres circonstances ce serait du flirt de ma part, mais je ne souhaite pas tomber dans le sable les quatre fers en l'air aujourd'hui. Il m'autorise et je place mes bras autour de ses hanches, croisant mes mains sur son ventre. Je sens ses muscles se contracter à chaque pas que le cheval fait dans le sable. Je me sens en sécurité et excitée du coup. Le soleil se lève à l'horizon. Le spectacle est à couper le souffle. Marrant comme les circonstances peuvent nous faire apprécier les chose différemment. — Vous faîtes quoi dans la vie ? À part sauver des gens dans le désert je veux dire. — Je ne fais que ça. On me paye convenablement pour chaque sauvetage. — On vous paye ? — Ça n'est jamais bon pour le business lorsqu'un touriste meurt dans notre désert. — Et vous faites ça tout le temps ? Vous n'avez pas de famille ? — Ça ne m'intéresse pas. Ça ne l'intéresse pas. Comment fait-il pour supporter le désert en se disant que rien ne l'attend ? — Mais ça ne vous manque pas de... — De quoi ? — L'amour ? Les femmes? Ça ne vous manque pas ? — J'obtiens ce qu'il me faut quand je reviens en ville, ne vous en faites pas pour moi. — À ce propos... Je ne pourrais jamais vous remercier à la hauteur de tout ce que vous avez fait pour moi mais j'aimerais pouvoir faire quelque chose pour vous. Je resserre mon étreinte. Cela fait déjà dix minutes que je fais descendre petit à petit mes mains sur son ventre. Il ne semble pas avoir remarqué car son attitude n'a pas changé mais le bout de mes doigts effleure maintenant son entre-jambe à chaque pas du cheval. — Vous ne me devez rien, je ne fais que ce que l'on attend de moi. — Disons que si vous vouliez utiliser mon corps pour...enfin... Vous voyez...Ça me ferait plaisir. — C'est un service que je n'offre pas. Il dit ça avec tellement d'aplomb que je reste muette. L'ai-je offensé ? Je reprends un peu de distance en remettant mes mains contre son ventre. Le silence qui suit est tellement long que je m'endors sur son dos et que je me réveille en sursaut lorsqu'il me rattrape d'une main pour m'éviter de tomber. — Buvez un peu d'eau et montez devant, dit-il. Encore dans le brouillard, je suis ses conseils, un peu appréhensive cependant à l'idée de me retrouver entre ses bras. Il me hisse sur le cheval, prend les rênes et nous remet en route. Nous remontons une dune et ce que je redoutais arrive. Je me retrouve plaquée contre lui. Pas que ça me déplaise, au contraire, mais comme il a refusé mon offre je me retrouve maintenant dans une petite torture mentale le temps que le terrain soit de nouveau plat. — Vous m'avez transportée comment lorsque j'étais inconsciente ? — Comme ça. C'est plus facile de retenir quelqu'un de tomber. J'imagine le périple. Mon corps mou à devoir serrer entre ses bras. Il doit avoir l'habitude cela dit, s'il n'a pas opté pour une meilleure solution depuis le temps qu'il fait ça. Il répond à mes questions volontiers mais reste en surface. Le mystère qui l’entoure m’intrigue. Je n’ai toujours pas vu son visage, juste ses yeux. Et puis il reste tellement froid, distant. J’ai tellement l’habitude qu’on ne refuse pas mes avances. Sentir son bas-ventre remuer contre mes fesses, au pas du cheval, me trouble. — Vous ne m’avez même pas dit comment vous vous appeliez. — Ismaël. — Vous n’enlevez jamais votre turban, Ismaël ? — C’est juste par habitude. Le sable et le soleil sur la peau ne sont pas agréable sur la longueur. — Vous pourriez me montrer votre visage ? — Pour quoi faire ? — Comme ça, juste pour savoir à qui je parle. Je me retourne pour le voir et ses yeux sont plissés sous l’effet d’un sourire espiègle. — Alors ? dis-je. — Non, vous ne pourriez pas résister. Il étouffe un rire et j’ai l’impression d’avoir craqué le code. — Vous voulez que je vous le confirme ? dis-je. Toute façon, il y a bien un moment où vous devrez boire, non ? Il arrête le cheval et me tape sur la cuisse pour descendre. Il descend à son tour et attrape sa gourde. Il me montre sa gourde, tire sur l’embouchure ce qui ressemble à une paille, la place sous son turban et se met à boire en riant. Je m’approche tant qu’il doit hocher la tête pour me regarder dans les yeux. — Montrez-moi, dit-je. Je joue de mes cils pour le faire flancher. Il y a de la fierté dans son regard et beaucoup d'espièglerie. Je crois qu’il aime mes façons de faire avec lui. Nul doute que j’aurais déjà vu son visage si je ne l’embêtais pas autant pour le voir. — Le vent se lève, il faut nous mettre à l’abris rapidement. Montez. Et il n’avait pas tort. En moins d’une heure, le vent est si violent que je ne regrette pas de pouvoir me couvrir. Nous trouvons refuge entre des rochers. Ceux-ci bloquent en partie la tempête. Il place une sorte de filet sur la tête de son cheval et je l'aide comme je peux à monter une petite tente. — Vous faites quoi dans des moments comme ça pour passer le temps ? dis-je. — Cela dépend. — De ? — Si je suis seul ou non. Sa réponse me surprend tellement que je n’ose pas faire de conclusions hâtives. — Vous voulez profiter de moi ? — Non — Vous voulez discuter alors ? Il fait non de la tête. — Alors on fait quoi ? On se regarde dans le blanc des yeux ? — On dort. Il s’allonge et se couche avec lui mon espoir de passer le temps plus sympathiquement. Il croise les mains sur son ventre et ferme les yeux. Peut-être qu’en réalité je suis morte et que cette tente est un purgatoire, un genre de test pour savoir s’ils m’envoient du côté pure ou non, et il aurait été envoyé ici pour me tenter. Je m’allonge à mon tour en lui tournant le dos. Qui a sommeil à midi ? Pas moi. J’essaye pourtant, pour faire passer le temps mais le bruit du vent m’empêche de fermer l’œil. Je me retourne et, à ma grande surprise, il dort face à moi. Le tissu de son turban est tombé et je vois maintenant ce qu’il y avait tout ce temps sous ses yeux clairs. J’avais fini par penser qu’il cachait une déformation quelconque mais il n’en est rien. Son nez est long et droit, sa bouche est fine, une très légère barbe noire recouvre sa peau. Il doit avoir une quarantaine d’années, mais peut-être que tout ce soleil et ce sable l’ont vieilli. Son visage paisible me donne le sentiment d’être en sécurité alors que la tempête fait trembler la tente. Maintenant que j’ai vu à qui j’avais affaire, l’avoir dans mon dos m'excite. Son souffle dans ma nuque éveille ma peau qui ne demande qu’à être caressée par ses lèvres. Me donner à lui toute entière ne serait dorénavant plus un service que je lui rends, mais qu’il me rend. Comme j’aimerais le sentir entre mes jambes, qu’il me… Je l’entends déglutir. Le souffle régulier dans ma nuque s’est arrêté d’un coup. Je fais semblant de faire un rêve érotique en marmonnant, en gémissant doucement. J’attends un peu, voir si ça bouge derrière moi mais rien, pas un bruit, comme s’il s’était volatilisé. Je gémis encore mais cette fois j’ajoute un « Ismaël... ». Toujours rien. Je gémis un peu plus clairement cette fois, si bien que je finis par m’exciter toute seule. — Je sais que vous ne dormez pas, chuchote-t-il à mon oreille. Sa voix parcourt mon corps en un éclair jusqu’à mon sex. Je continue de faire semblant de dormir. Il bouge derrière moi. Il colle doucement son corps contre le mien. Je n’étais pas prête. La chaleur entre mes cuisses augmente d’un seul coup et j’essaye tant bien que mal de masquer ma respiration qui accélère. — Vous êtes une tentatrice. Vous recherchez mon attention… Il attrape le bas de ma robe et passe la main en dessous. Il frôle ma peau de la pulpe de ses doigts en remontant mes jambes nues et provoque un gémissement irrépressible. — …Vous l’avez. — Je croyais que vous n’offriez pas ce genre de service. — J’aide les gens dans le besoin, je donne à ceux qui ont soif. Sa main se fraye un chemin derrière mes genoux, derrière mes cuisses, jusqu’à mes fesses où il trouve, replié sous mes jambes serrées, mon sexe déjà gonflé de désir. Ce frôlement va me rendre folle. Il écarte mes lèvres délicatement. — Vous coulez sur mes doigts... Je tourne la tête. Il a remis son turban sur son visage, ce sont à nouveau des yeux qui me parlent. Ce regard dans lesquel je pourrais me perdre. Il relève son habit jusqu’au-dessus des genoux. Il prend ma main et la place sur son érection. Je sens des poils, une veine gorgée d’envies qui parcour son membre de bas en haut. Mon corps se cambre à l’idée de la sentir remuer en moi. — Je vous en supplie… dis-je. Il ricane. Il relève encore plus ses habits et je la vois. Pointée dans ma direction, prête à l’action. J’ai envie de sentir ses couilles buter contre mon corps, que nos fluides se mêlent salement. Il me fait patienter, je n’en peux déjà plus. Il se met à frotter lentement son corps contre le mien, sa queue glissant entre mes fesses. — Vous allez me rendre folle ! Vraiment, il va me rendre folle. N’a-t-il pas envie de se délivrer lui-même ? Soudain, je sens un doigt s’immiscer dans mon sexe. C’est peu mais c’est tellement bon que je ne me plainds plus. Je l’aide même en allant et venant sur sa main. Les clapotis de mon corps m’excitent trop. Je me lève, retire ma robe en un seul geste et me retrouve nue devant lui. Je m’accroupie à ses côtés, prends une de ses mains et la place sur mon sein lourd. Sa main rugueuse de sauveur du désert s’en empare, me palpe. Il en ferme les yeux. Sa queue me nargue, je la veux. Je le pousse en arrière et l’enjambe mais il m’arrête net. — Quoi ? Quoi ? dis-je — C’est mon service, pas le vôtre. Il me retourne comme une crêpe et se remet en cuiller derrière moi. Il attrape mes poignets pour que je ne bouge pas. D’un mouvement lent, presque mou, il enfonce sa longue veine dans mon corps et me vole un soupire. Il ressort et rentre à nouveau d’un mouvement de hanche précautionneux, et c’est comme si ma bouche dégustait sa queue centimètre par centimètre. — Là, dit-il comme pour me calmer. Vous l’avez. Il continue ses va-et-vient dans la même lenteur. Ses couilles fermes cognent contre mes cuisses toutes les quatre secondes, et je savoure ce temps qui passe entre deux pénétrations jusqu’à la garde. — Ne vous arrêtez pas…dis-je. Il expire longuement, comme pour se donner la force de ne pas en finir tout de suite. Mon sexe l’aspire à chacun de ses retours. Il lache mes poignets et passe son bras entre mes cuisses pour la soulever. Il vient me caresser à l’avant, tout aussi lentement. Toutes mes sensations sont décuplées. — Je veux voir votre visage, dis-je. Je veux vous voir perdre la raison. — Il vous suffit de soulever… Je me retourne et je décroche carrément l’attache du turban qui lui barre le visage. Une fois dévoilé, il me sourit. — Est-ce que ça change quelque chose ? dit-il. Il se penche et pose ses lèvres dans mon cou. Un frisson parcourt mon dos alors qu’il continue de se planter en moi dans de longs roulements de hanches. Je tourne le visage pour lui offrir ma bouche. Il la prend d’assaut et l’écarte avec sa langue. Il déguste ma bouche comme il déguste mon sexe, langoureusement. Des fourmis emplissent ma tête. Cette mollesse me rend absolument cinglée. Le bruit de succion de nos bouches, de mon sexe… S’en est trop. En un énième retour il enclenche le bouton de lancement. Il le caresse du bout du gland en rentrant à nouveau, puis en ressortant. Tout se fait au ralenti et l’orgasme monte de la même façon. Mon corps se contorsionne sous le plaisir qu’il m’arrache. Il n’accélère pas le rythme. La longue plainte qui sort de ma bouche me surprend. Il explose dans mon corps, gueulant son bien-être dans mon oreille, m'emplissant de sa plus précieuse sève. Il donne une dernière décharge réflexe dans mon corps avant de s'affaler sur le dos, me laissant pleine. Et dire que j’aurais pu ne jamais vivre tout ça… ... On me tape sur l’épaule et j’ouvre l’œil. Je suis à nouveau dans la première tente. Comment? Il est là, assis à côté de moi, le visage à nouveau voilé, en train de siroter son thé. — Vous parlez en dormant, dit-il. — Quoi ? — On dirait que vous avez fait un rêve très agréable. © Tous droits réservés - Charlie M.P. - 17/06/2021 |