Moi on me dit bal, je pense robe de soirée. Carrie y allait chaque année car son frère s’occupe de la sono. Elle m’invitait donc à y venir cette année, me conseillant de ramener beaucoup de pièces de deux euros, ce que coûtaient les verres d’alcool.
— C’est où exactement ? Elle s’était un peu moquée, forcément. Et non, je ne me suis pas pointée en robe de soirée. J’ai fini par poser toutes mes questions pour en conclure qu’il s’agissait en fait d’une soirée publique dans une caserne avec des pompiers qui jouent les barmen pour renflouer les caisses. Dans ma campagne, les pompiers étaient des gars à la retraite ou des petits bénévoles encore à l’école. Il n’y avait pas d’entre deux, alors je ne m’attendais pas à grand-chose en me pointant devant la caserne du 7e , à part bien sûr flirter, allumer tout ce qui bouge, boire, flirter un peu plus fort, lever le coude un peu plus haut et passer la porte en rampant en fin de soirée. Ce n’est pas vraiment ce qui s’est passé. Déjà, en voyant des pompiers dans leur t-shirt noir à bande rouge, droits comme des sapins de Douglas dans leurs bottes noires, je pensais que tous les mecs lambda qui se pointaient à un bal des pompiers avaient des couilles en titane, parce que bonjour la concurrence. Mais le premier truc que j’entends dans ce hangar, par-dessus le son monumental de la sono, c’est : « Viens, on se casse, les filles en ont que pour eux. ». Je cherche Carrie, que je viens de texter, la prévenant de mon arrivée. Je la retrouve aux côtés de son frère, en train de le supplier de passer « Call on Me » pour pouvoir aller se frotter contre quelques abdomens en toute simplicité. Sylvain refuse, lui disant que cette chanson était déjà réservée pour un truc à venir. Elle vient avec moi acheter mon premier verre. Des tables dans la cour sont improvisées, avec des gobelets remplis de punch et de mojitos en avance. Trois pompiers se trouvent de l’autre côté et l’un d’eux dit avec un large sourire une phrase certainement dite cent fois avant mon arrivée : — Bonsoir, qu’est-ce que je te mets ? Les deux autres s’esclaffent. Les gueules d’anges excusent un peu la beauferie. Je prends un mojito et mets une pièce de plus dans la fente de leur cagnotte. J’ose même un clin d’œil à l’encontre de l’insolent car je sens qu’il est d’humeur joyeuse, et il m’en retourne un. — Ils sont tous comme ça ? dis-je à Carrie en m’éloignant. — Comme quoi ? — Accueil on ne peut plus chaleureux ! — Ils sont sympathiques, hein ? Il faut que je trouve Thibault pour te le montrer. C’est celui avec qui il s’est passé un petit rapprochement l’année dernière. On danse, on transpire, on goûte au mojito, et puis la sirène retentit et la musique s’arrête d’un coup. Quatre pompiers se mettent debout sur des tables dans chaque coin du hangar. Ils portent la tenue de feu et des masques blancs recouvrent leurs visages. Les filles hurlent (et les mecs qui restent roulent des yeux... Peut-être... En fait moi j’en sais rien, je suis en train d’halluciner). La musique que Carrie voulait mettre plus tôt passe à fond dans les enceintes, elle saute de joie. Les pompiers se mettent à remuer les hanches en rythme et c’est l’hystérie. Les filles se pressent contre les tables, lèvent les bras pour les toucher. Je jette un œil sur les pompiers un peu plus seniors qui regardent la scène de loin. Le spectacle les faire rire. Pour tout dire, voir un mec prêt à donner sa vie pour sauver des gens se trémousser, ça fait quand même son petit effet. Est-ce que le pompier qui m’a servie se trouve sous un de ses masques ? Ça a quelque chose d’excitant de l’imaginer. Soudain, en complète synchro, ils retirent tous leurs vestes et se retrouvent torses nus, en pantalon-bretelles. La nana à côté de moi mets deux doigts dans sa bouche, siffle, et manque de me péter le tympan. Moi, je n’ose même plus bouger de peur que des mouvements trop brusques me fassent louper un truc. On a beau dire que la beauté ne fait pas tout, quand on se trouve juste en dessous, on est faibles, on hurle comme une bête à l’intérieur et la culotte en tremble. Comme ils ont décidé de nous achever, le refrain suivant ils font tomber les bretelles et dans le même geste leur pantalon. Bon Dieu, c’est trop de chair fraîche en face de moi. Je finis mon mojito d’une traite. Une fille complètement saoule monte sur la table pour se frotter à l’un d’eux. Il ne la rejette même pas. Grave erreur ! Deux autres font de même sur les autres tables. Merde, peut-être que je devrais moi aussi ? Combien de fois dans une vie peut-on toucher la peau luisante de sueur d’un beau pompier masqué, hein ? Je n’ai pas osé. Je sais encore me tenir avec un seul verre. Mais je jalouse un max. Et puis ils récupèrent leur tenue au sol et repartent aussi vite qu’ils se sont venus, en boxer. Avec tout ça il faut que je m'hydrate à l'alcool (je sais). Le pompier de tout à l’heure n’est pas là. — Il n’est pas là votre copain ? dis-je aux deux autres qui s’y trouvent. — Qui ? Jérem ? — Je ne sais pas comment il s’appelle. Le brun là, que j’ai vu tout à l’heure, avec un tatouage sur l’avant-bras. — Ouais, c’est Jérem. Il sera là dans pas longtemps. Tu veux un verre ? — Yes. — Tu t’appelles comment ? — Mélodie. Il me tend un gobelet avec un large sourire. — Cul sec, Mélodie ? Son petit regard espiègle me tente trop, je finis le verre en cinq gorgées. — Ah ! Ça fait plaisir, dit-il en applaudissant. Tiens, je t’en mets un gratuit. J’insiste pour payer mes deux verres et il insiste pour me remercier en venant me faire un bisou sur la joue. J’ai décédé ? Moi être au paradis, c’est ça ? En repartant danser, Carrie me dit que j’ai la cote. Mais moi c’est le Jérem qui m’intéresse. Son petit clin d’œil m’a bien plu et j’ai eu l’impression – je peux me tromper – qu’il s’agissait de lui au-dessus de moi pendant le strip-tease. On croise le fameux Thibault et Carrie me le présente vite-fait, car il est de corvée fruits pour le punch. — Mais c’est du délire cette caserne, dis-je une fois qu’il est parti. Ils les choisissent sur photo ou quoi ! — Ils mettent les beaux en avant, ça fait grimper leur cagnotte, c’est tout. Le chef de la caserne en personne m’invite à danser sur une salsa. J’accepte gracieusement en lui disant ne pas pouvoir refuser un ordre du chef, ce qui le ravit. Il a la cinquantaine passée et semble avoir envie de s’amuser en tout bien tout honneur. Et me voilà la reine de la salsa. Ce que ce que je trouverais d’ordinaire un poil gênant m’éclate. Possible que les trois mojitos aident. Possible aussi que les yeux rivés des autres pompiers sur ce que le chef fabrique me plaisent aussi. Je n’ai jamais eu autant de succès. Heureusement qu’il me tient fermement parce que je sens l’alcool monter. La chanson se termine et il m’offre un ticket pour un verre gratuit. Décidément ce n’est pas comme ça qu’ils se feront de l’argent… Je me rends donc à la table pour récupérer un énième cocktail. Le Jérem est de retour. — Tu passes une bonne soirée? demande-t-il. — C’était toi sur la table tout à l’heure ? — Peut-être… Il ne veut pas répondre mais son petit sourire en coin répond pour lui. — … T’as aimé le spectacle ? — Il ne faut pas faire des choses comme ça ! Je suis cardiaque, moi. — Une chance que tu sois dans une caserne de pompiers alors. — Ah, donc vous chauffer les filles pour les mettre en arrêt et leur faire des massages cardiaques, c’est ça ? — Voilà, oui. Je sens que ça part en live et j’adore ça. — Bon, qu’est-ce que je te mets ? dit-il. Les collègues rigolent encore. L’alcool se mélange à mon sang juste assez pour me faire dire des choses qui ne sortiraient pas de mon cerveau d’habitude : — On parle toujours de cocktails ou tu proposes quelque chose qui ne tient pas dans un gobelet ? Ça chambre derrière lui. Mon audace pique son intérêt. — Une danse ? dit-il sans se mouiller. — Avec plaisir. Il fait le tour de la table et me propose de rejoindre la piste en effleurant mon dos avec sa main. Ce petit contact envoie comme par magie de la chaleur au creux de mon ventre. Il se retrouve alors devant moi, à remuer, et j’ai subitement du mal à soutenir son regard. Il en joue, il me fixe. Il met sa main dans mon dos pour me rapprocher un peu plus de lui, de ses hanches qui font sérieusement monter la température. Son bas-ventre frotte contre le mien et mon corps se prépare maintenant à bien plus qu’une danse. Je pose mes mains sur ses bras, leur fermeté m’excite. J’aimerais tellement m’isoler avec lui, le laisser me prendre comme il l’entend. Je me rapproche à mon tour, je veux qu’il sente mes seins presser contre son torse. — Oh-Oh, dit-il dans mon oreille. Tu vas mettre un truc en route là, si tu continues… Je sais bien de quoi il parle, mais j’ai envie de l’entendre le dire. — Quel truc ? Il plante ses yeux dans les miens et me donne un coup de rein appuyé. Sa demie-érection contre mon pubis déclenche un frisson dans mes dessous. Je reprends ma respiration et à mon tour de dire, sans filtre : — J’ai toujours eu envie de voir le tuyau d’un pompier se déployer. Il éclate de rire. — T’es une coquine, toi ! — Je t’assure, au moment où je te parle, c’est vraiment, vraiment, vraiment devenu le rêve de ma vie. Il lance des regards autour de lui, comme pour vérifier que personne ne nous voit – ou l’inverse, je ne saurais pas dire. — Tu veux visiter la caserne ? Il est sérieux, ce qui me fait désaouler d’un seul coup. — Il y a des filles qui disent non à ça ? Il semble hésiter pendant deux secondes et puis il me prend par la main. — Viens, je vais te montrer. Mon cœur bat bien plus vite que la musique, et pourtant, on est sur de la techno. On passe devant une longue file d’attente aux toilettes, où les filles y vont de leurs messes basses en nous voyant nous diriger vers le couloir des quartiers privés. Je sais très bien ce qui m’attend, que je passe pour une mauvaise fille, mais ce soir je porte le vice comme un badge d’honneur. J’ai été choisie par un Dieu vivant, je suis l’élue, rhabillez-vous les Simone. La musique se dissipe à mesure que l’on marche dans ce long couloir éclairé de néons blancs qui me bousillent les yeux. Alors que la foule se retrouve loin derrière nous, que l’on peut entendre à nouveau nos bruits de pas, un trac monstrueux me prend. Et s’il avait l’habitude de tout ça ? Et si je n’étais pas à la hauteur de ses attentes ? C’est bien gentil de jouer les allumeuses mais maintenant… Il me fait rentrer dans une pièce qui semble être sa piaule. C’est très militaire comme style, très épuré. Un lit, une table, une chaise, une armoire. Pas un truc qui traine. Il ferme la porte et se retourne vers moi. — Tu peux sortir à tout moment, ok ? Tu n’es obligée de rien. Il est fou ou quoi ? Il s’est bien regardé ? Il a déjà essayé de se résister ? Clairement pas. Je me jette sur sa bouche, il prend mon visage entre ses mains. Sa langue se fraye un chemin entre mes lèvres et se mêle goulument à la mienne. Sa bouche est légèrement sucrée, son souffle met le feu à mon corps. Je passe ma main sur son pantalon et trouve une érection qui pourrait faire sauter sa braguette. Je tire son t-shirt vers le haut, nos bouches se séparent. Il est là, torse-nu devant moi. Je passe mes doigts sur ses pecs. — C’était toi ! dis-je. Pas de doute. — C’était moi, oui. — Ça m’a fait un petit truc. C’était mystérieux, ce masque. Ça m’a excitée, pour ne rien te cacher. — Ah oui ? Attends. Il ouvre son placard et en sort le masque blanc en question, qu’il replace sur son visage. OH PUTAIN je gueule intérieurement. Je veux qu’il me baise comme ça. Il voit sûrement la lubricité dans mes yeux, car il dit : — Ça te plairait si je le gardais ? Je suis prise d’envies furieuses, mes joues sont en feu. Je ne veux plus jouer les saintes nitouches à présent. — Tu n’as aucune idée, dis-je, à quel point j’ai envie que tu me fasses des saloperies. — Enlèves ton jean, assieds-toi sur mon lit. Et il n’a pas conscience que son petit ordre à lui seul pourrait me faire venir. J’obéis et me retrouve en culotte face à lui. Je retire mon top aussi. Je veux qu’il me voie toute entière. J’entends un « Hm » satisfait, étouffée derrière le masque. Il s’approche et me fait écarter les jambes, d’un mouvement de main. Il se penche et passe les doigts sur le tissu. Il s’agenouille en face de moi, attrape chaque côté de ma culotte et la fait descendre le long de mes jambes. Il joue le jeu, il accentue les mouvements de tête puisque je ne vois rien à part ses yeux. Je l’entends respirer derrière le plastique. Il semble être aussi excité que moi. Il admire mon entre-cuisses. — Je te lècherais bien, dit-il, mais pour ça il faudrait que j’enlève le masque et je ne voudrais surtout pas révéler mon identité. J’ai l’impression d’être dans le meilleur porno du monde. Il est parfait. — N’hésite pas à y mettre un doigt alors, dis-je. Ma chair brûle d’envie de sentir la sienne. Chaque seconde qui passe est une torture. Je veux sentir son poids sur moi, qu’il me pilonne comme une vulgaire poupée, l’entendre gémir quand il vient. Il fait remonter son pouce en moi. Le malin, il sait très bien ce qu’il fait. Il ne faudrait pas qu’il en sache trop quand même, j’aimerais bien faire durer la chose un peu. Je prends conscience de la situation et je suis déjà au bord du précipice. Heureusement il s’arrête et se relève. Il s’apprête à enlever son pantalon. — Non ! dis-je. Il revient vers moi. Je fais descendre sa fermeture éclair et cherche son membre dans son boxer. Je l’extirpe de son pantalon. Une queue magnifique pleine de promesses. Il sort un préservatif de sa poche, l’ouvre et le déroule sur son érection. Je le regarde faire, clairement expérimenté. — Garde ton pantalon, tes boots, ton masque. Je veux me faire prendre par le fantasme du pompier. Il ricane derrière le masque. — À vos ordres, madame. Il me fait relever, fait sauter mon soutien-gorge. — Je veux voir tes seins remuer, dit-il. — Avec plaisir. Les seins en question pourraient couper de la glace. Il me fait assoir sur la table et place une de mes jambes sur la chaise à côté. Il va me prendre là. Je n’en peux plus d’attendre. Il s’approche et pose son gland contre moi. Il pousse doucement puis entre tout du long. J’en gémis de soulagement. C’est tellement délicieux de le sentir enfin chez soi. Il commence à me donner des coups de reins, à me chatouiller de l’intérieur. J’en perds presque l’équilibre. Il y a un miroir derrière la porte et je vois une partie de l’action. Ses fesses se contractent dans l’effort. J’assiste en directe au ressenti et au visuel. Le pied total. J’espère juste qu’il ne va pas étouffer derrière ce masque, il respire si fort. La situation m’excite tellement que j’en mouille la table. Je vais venir bien trop vite. — Je veux que tu viennes dans mon cul, dis-je. Il s’arrête net. — T’es sérieuse ? — Toujours. — Putain, c’est Noël ! Retourne-toi. Je ne me fais pas prier, je me retourne, me penche sur la table et écarte les jambes. Il continue d’aller et venir en moi, le temps de préparer mon petit trou avec ses doigts. Sentir quelqu’un introduire quelque chose à cet endroit-là me tourne toujours en cochonne finie. Je n’offre mon cul que lorsque c’est mérité, ou que j’ai vraiment envie de me faire défoncer. Il se retire et pose son sexe contre moi en entrant doucement. Ce n’est jamais très agréable jusqu’à que la sensation de la queue toute entière soit passée. Je le vois faire dans le reflet, lui, ce beau pompier qui va et vient dans mon corps pour se faire du bien, dont la tête bascule en arrière quand le plaisir est fort. Je m’offre toute entière au Dieu vivant. Je veux qu’il me bénisse de l’intérieur. Je passe ma main sous mon ventre pour me toucher en même temps. Il me voit faire et lâche un « putain ! » qui annonce une fin proche. Mes doigts accélèrent, suivent son rythme. Et soudain il se met à geindre, ses cuisses en tremblent. Il est en pleine jouissance et j’en viens déjà mentalement de plaisir. Et puis il ralentit, petit à petit, jusqu’à s’immobiliser complètement. Il enlève son masque pour mieux respirer. — Ne bouge pas ! dis-je. Encore dans les vapes, il se plie à ma demande. Je me touche plus énergiquement. Le reflet, la sensation de sa queue dans mon corps, le fait qu’il m'ait tout donné... Je pars vite. Mon corps le mange frénétiquement. Mon cerveau fourmille. Un état de plénitude totale m’envahit alors que je gémis mon bonheur sur cette vieille table en contreplaqué. Mon corps se relâche et il attend, tel un gentleman, que je reprenne mon souffle pour se retirer. Le reste n’est que fin de soirée. L’un et l’autre rassasié, on est retournés du côté de la fête comme si rien ne s’était passé. J’apprenais par Carrie le jour suivant que le fameux Jérem s’était fiancé un mois plus tôt, et que j’avais fait partie de son enterrement de vie de garçon. J’en fus extrêmement flattée. © Tous droits réservés - Charlie M.P. |