On avait fêté tes 31 ans quelques jours plus tôt avec toute l’équipe, loin de ta famille.
Te voyant dormir sur cette table en bois, le corps à moitié au soleil, je me demandais si moi aussi, une décennie plus tard, j’allais subitement me mettre à faire des siestes n’importe où, n’importe quand. Les autres étaient partis faire une course en ville. Avec le recul, il m’apparait qu’ils avaient décidé de nous laisser seuls. À tout moment tu aurais pu ouvrir les yeux et recommencer tes petites railleries. Tu étais beau, le visage paisible, le soleil léchant ton oreille. Fermais-tu vraiment les yeux ? Me voyais-tu fixer ta main - déjà prise par une autre - avec une intention fébrile ? L’idée même de l’effleurer avait fait naître une douleur exquise au creux de mon ventre. À chaque seconde qui passait, je me donnais du courage puis me dissuadais tour à tour de la toucher. Je suis restée de longues minutes comme ça, à jouer avec ce que le désir faisait de ma chair. L’hésitation était aussi pénible que délicieuse. Il m’arrive de repenser à toi. Je me demande ce que tu deviens, et surtout si tu savais à ce moment-là que tu aurais pu m'emmener très loin. |
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